Rwanda ou le chemin d’un renouveau
Au Rwanda, ça fait déjà 20 ans qu’a eu lieu un événement innommable qui a marqué les esprits et les cœurs du monde entier : un génocide interethnique.
En avril 1994, je venais de fêter mes huit ans. Je conserve un vague souvenir des images violentes que mes yeux ont pu voir, des cris des parents, surtout ceux de ma mère durant le journal télévisé, mais tout cela est imprécis. Par contre, je me souviens de mon choix en 2002, d’étudier ce génocide, dans le cadre d’un projet scolaire. Je me rappelle mes lectures (« Murambi »), l’Hôtel Rwanda, ma rencontre à la Fnac avec l’homme qui avait inspiré ce beau film. Je garde en mémoire tout cela, de notes dans un carnet de lecture, de mon écoute attentive des deux premiers albums de Corneille (si autobiographiques) et de son single « Seul au Monde ».
Tout cela, car en 2002, je me suis plongée toute entière dans ce drame, j’ai voulu comprendre, partager, ressentir. Dire que j’ai ressenti la même peine que mes frères rwandais serait grand mensonge, mais j’ai fait preuve d’empathie et j’ai senti un courant violent me traverser, semblable à une lame qui pénètre le cœur. Chaque fois que j’y repense sérieusement, cette lame se rapproche une fois de plus de mon cœur.
C’est donc avec un sentiment trouble que j‘ai lu « le discours aux Rwandais de Paul Kagame pour la commémoration des 20 ans du génocide ». Je vous invite à le lire ici, et je dis merci à Paola et son Africa Digest (un bijou dont je vous reparlerai) pour la découverte. Un grand nombre de choses ont été dites sur Paul Kagame en bien comme en mal et je ne m’y attarderai pas. Cependant, qu’on l’aime ou pas, cet homme a une force : sa vision. Son discours est une ode au Rwanda, mais surtout une ode à l’Afrique, à une Afrique libre et forte.
Oui, nous avons le droit et la liberté de nous autogérer. Oui, nos choix peuvent blesser, mais ils demeurent avant tout nos choix. Oui, nous ne pouvons satisfaire tout le monde mais c’est une chose normale. J’avais toujours constaté avec admiration les avancées que le Rwanda semblait avoir faites : un lieu d’affaires reconnu, un développement lent mais constant, des têtes bien faites et bien pleines au sein de ce peuple fier.
J’ai retenu de ce beau texte que l’unité d’un pays, de notre continent, est notre première arme contre les agresseurs de tout poil (interne ou externe). J’ai retenu que nous devons nous efforcer d’inspirer le respect et apprendre à nous défendre par nous-mêmes. Nous avons le droit de vivre heureux, nous avons le droit de nous améliorer, nous avons le droit de faire des erreurs et aucune nation ne doit se croire meilleure qu’une autre.
Ce texte est une belle leçon de remise en question, ce texte est aussi une belle leçon de politique car contrairement à ce que l’on pense souvent (moi y compris), la politique ne devrait pas se résumer à du verbiage. La politique devrait être le témoignage vivant et constant d’une vision, visible dans des actes et accomplissements réels. C’est une belle leçon d’indépendance absolue avec tout ce que ce mot comporte.
Au cœur de ses heures sombres où le Burkina-Faso veut prendre feu du fait de l’incapacité d’un dirigeant à accepter avec modestie la nécessité de s’effacer, au cœur de ses heures sombres où la Syrie est à feu et à sang, aux mains d’intérêts particuliers, au cœur de ses heures sombres où les puissances coloniales anciennes (France & co) et nouvelles (Etats-unis & Co) ne semblent pas avoir compris que nous sommes INDÉPENDANTS, au cœur de ses heures sombres que nous vivons, le discours de Paul Kagame sonne au fond de mon être comme une clochette d’espoir. Loin d’éveiller cet espoir rêveur, souvent chimérique qui habite la plupart d’entre nous, il éveille une nécessité forte de responsabilité. Eh oui, savoir et compréhension entraînent responsabilités.
A lire ce discours, je songe à cette maxime de vie qui m’a été inspirée par l’auteur nigérian Ben Okri « Dans les rêves commence la responsabilité ». Eh oui, il est temps pour chacun de bâtir, de rendre vivant le monde dans lequel il veut vivre.
Mr. Kagame vous m’avez inspiré, vous m’avez galvanisé, je dis MERCI et je dis vive le RWANDA.
Anna♦
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