8 juillet 2015

Voter, c’est la pâte

Droit de vote. Symbole de démocratie.
Droit de vote. Trop souvent bafoué.
Droit de vote ou plutôt devoir de vote.

Je suis Camerounaise et en 2018, comme de nombreux compatriotes, je devrai voter. Je devrais voter pour un président. Je ne connais pas les futurs candidats et pour le moment je ne m’en préoccupe pas encore. De pouvoir voter, fait déjà tout mon bonheur. Avoir cette possibilité, m’emplit de fierté. Je suis fière, car j’ai déjà ma nouvelle carte d’électrice. Je suis fière, car j’ai déjà gagné mon droit de voter, comme peuvent le faire tous les Camerounais âgés de 21 ans et plus.

Mais c’est bien là où le bât blesse. Hantée par la lassitude, par la sensation d’immobilisme et le sentiment que rien ne peut changer, la population en âge de voter, s’est complètement désintéressée de l’acte de voter. Bizarrement, elle ne s’est pas encore désintéressée de la politique. Au bar, dans les réunions, au détour d’un verre, d’une conversation, on peut entendre les uns et les autres exprimer des opinions, des prises de position à caractère politique. Certains se plaindront des routes, de la corruption, de tout ce qu’il voudrait voir différent. Les autres remercieront le Nkunkuma* pour la paix, la relative sécurité, et dernièrement pour avoir cloué le bec à un journaliste de France 2 avec le désormais célèbre « ne demeure pas au pouvoir qui veut, mais qui peut ». Mais dans un camp comme dans l’autre, très peu songeront à voter. Apparemment les dés seraient déjà d’ores et déjà jetés.

Alors, je me demande et je leur demande : comment exprimons-nous notre droit citoyen sans carte d’électeur ? Comment passons-nous de la discussion du bar à une action réelle qui ne remet pas en cause notre sécurité ou notre bien-être ? Pourquoi ne profitons pas des nombreuses antennes d’Elecam* désormais ouvertes dans les quartiers de nos grandes villes notamment ? Pourquoi avons-nous peur de voter et comment pensons-nous légitimer notre candidat quel qu’il soit sans voter ?

Pourquoi voter ne serait-il pas aussi agréable que d’avoir la discussion autour d’une bière avec la fierté de citoyen en plus ? Pourquoi prôner le changement quand on refuse le droit qui nous permet de l’espérer : le droit de voter ? Ce sont là des questions que je me pose et auxquelles nous devrions certainement réfléchir pour un Cameroun différent.

Personnellement j’ai fait mon choix. En 2018, j’irai voter. Mais je ne souhaite pas être seule. A plusieurs, c’est carrément la pâte. Alors, je vous écris ici. Vous êtes Camerounais, âgé de 21 ans et plus, avez-vous votre carte d’électeur ? Si la réponse est non, n’hésitez pas. Et ne vous inquiétez pas, je vous le rappellerai, car voter ça sera la pâte.

On est ensemble !

Anne♦

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Commentaires

W.E
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J'ai eu envie de lire un de tes articles,vu l'avant goût que j'ai eu en live. C'est vraiment bien écrit ;).

Anne Christelle
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Merci beaucoup William. Au plaisir de te relire par ici bientôt.

Fotso Fonkam
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On est ensemble Anna.

Beaucoup d'entre nous sont prêts à descendre dans la rue, à tout casser, à mettre le pays à feu et à sang sous prétexte de vouloir changer les choses. pourtant, le jour des élections, le jour où ils peuvent réellement changer les choses, ils restent cloîtrés dans leurs maisons, tapis derrières des prétextes pour le moins fallacieux. 2018 arrive, c'est l'occasion de changer de stratégie.

Anne Christelle
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Exactement. Moi je me dis, on doit vraiment prendre cela à cœur et passer le mot autour de nous, pour essayer de changer le cours des choses et impacter les mentalités.

intheeyesofleyopar
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Je suis de ton avis. Il est temps que l'on devienne acteur et plus spectateur car notre vote compte. Il est temps d'arrêter les rengaines du genre:"aka que je vote ou pas il va gagner bla Bla Bla... "

Anne Christelle
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Exactement ma mère. Comme d'habitude tu as su cerner exactement le noeud du problème.