Nous sommes le 20 Mai, au Cameroun

20 mai 2016

Nous sommes le 20 Mai, au Cameroun

Bonjour les gens, bonjour le monde ou plutôt bonsoir (il est bientôt 18 heures chez moi),

 

Fetenationale

Le 20 Mai célèbre en effet la Fête Nationale du Cameroun, chaque année depuis 1972. C’est le symbole de la naissance de la République unie du Cameroun, et non comme pour beaucoup de pays Africains, la date anniversaire de l’indépendance (1960). C’est le symbole de la réunification du Cameroun anglophone et du Cameroun francophone qui avaient été jusque-là deux états fédérés.

Je choisis de faire ce rappel car il illustre pour moi, toute la symbolique de cette fête qui me semble perdue aujourd’hui. Le 20 Mai, c’est l’occasion pour les uns et les autres de faire de jolis statuts sur les réseaux sociaux, d’envoyer des photos et de ce fait de rappeler a priori de leur caractère de citoyen Camerounais. 

Et voilà bien là tout le drame. Je me demande parfois (en m’intégrant dans la conversation), si nous sommes des citoyens ou juste des habitants de notre pays. Je me demande souvent, si les difficultés, les travers de notre société, le manque de connaissance de notre histoire, la culture de l’instant dans laquelle nous rentrons, si tout cela ne nous fait pas oublier le sens de la citoyenneté.

Je me demande (oui, je réfléchis peut-être un peu trop) si quand nous banalisons l’acquis qu’est la paix dans notre pays, nous avons déjà visité un pays en guerre, mais je dis bien en vraie guerre, pour y avoir constaté les ravages humains, économiques, culturels parfois irrémédiables. Et pour cela, je reviens à la symbolique du 20 Mai 1972.

Depuis cette date, malgré les menaces constantes de sécession, malgré les plaintes réelles et compréhensibles de la frange anglophone (minoritaire) sur son intégration, son développement, malgré les deux cent tribus  (au minimum) que comptent ce pays, nous n’avons pas encore explosé. Au Nigéria voisin, le passage d’un gouvernement Nordiste à un gouvernement Ibo, suite à un coup d’état, et la reprise du pouvoir violente et sanglante par des Nordistes, avaient entraîné purement et simplement, une sécession, avec la naissance de la république Ibo du Biafra  Cet état a disparu au terme d’une guerre qui  a duré trois ans et tué près d’un million de personnes. Alors, essayons de visualiser, si chez nous, il avait fallu une guerre entre le Cameroun francophone et le Cameroun anglophone pour parvenir à une réunification?  Imaginons si les attributs parfois loufoques que nous donnons aux différentes ethnies, étaient devenus de motifs suffisants pour qu’un groupe veuille en exterminer un autre? Rien qu’à y penser, j’ai froid, je tremble et j’ai juste envie de dire « Merci Seigneur ».

Voilà donc un acquis que nous négligeons, galvaudons: la paix. Aujourd’hui la nébuleuse Boko Haram a fait perdre à nos frères du Nord, cet acquis. Pour revenir à la notion de citoyenneté, en tant que citoyen se plaindre c’est un droit. En tant que citoyen, exiger un gouvernement démocratique (si tant étant que ce mot veut vraiment dire quelque chose quand on voit la main mise des grands conglomérats économiques dans la vie publique du monde entier) est un droit. En tant que citoyen, attendre de son état qu’il nous donne les conditions d’un bon vivre est une nécessité.

Mais en tant que citoyen, on a aussi le devoir de payer ses impôts. En tant que citoyen, on a le devoir de ne pas donner 500 à un policier en cas de difficulté. En tant que citoyen, on doit agir sur la place publique. En tant que citoyen, on doit contribuer à son niveau au développement de la cité. Il n’existe pas de manuel de la citoyenneté mais j’ai la féerie de croire qu’en tant que citoyen, on pourrait faire autre chose que se plaindre.

Oui, nous pensons tous mériter mieux au Cameroun. Oui, nous estimons pour beaucoup avoir été pris en otage par un système qui tue les jeunes, l’innovation, la pensée etc… Mais en tant que citoyen, nous ne devons pas oublier qu’il s’agit de NOTRE pays. Donc plusieurs choix s’offrent à nous: la langueur, la plainte incessante qui n’y changera rien, ni pour nous, ni pour nos enfants, ou un vrai changement de mentalités, un changement complet dans la société qui viendrait du bas, qui aura été impulsé par notre prise de conscience individuelle et collective.

Oui, le Cameroun est notre pays, notre terre, nous fêtons aujourd’hui sa réunification et si nous voulons la fêter encore et encore, il faudra bien chacun dans son domaine, à sa façon, dans sa vie de tous les jours, se mouiller un peu le maillot. C’est inéluctable. C’est essentiel si nous voulons préserver la paix. C’est essentiel si nous souhaitons sincèrement un changement, un mieux. La critique c’est bien, mais ça n’a jamais nourri personne.

Tout ceci n’est qu’un point de vue, une rengaine sûrement ou pas déjà lu. Il y a des jours où je ne suis pas certaine d’être moi-même cette citoyenne que je voudrais que nous soyons tous. Il y a des jours où comme tout le monde j’en ai marre. Mais je me rappelle toujours qu’être citoyen ce n’est pas un choix, c’est un devoir, une obligation et cahin caha, j’essaie. Et vous?

 

Love, Anna

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