Acculturation, ou culture délaissée

Article : Acculturation, ou culture délaissée
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11 octobre 2016

Acculturation, ou culture délaissée

De plus en plus, le retour à la culture propre serait une priorité pour nous africains. Il faudrait abandonner les langues du colon. Il faudrait retrouver nos coutumes ancestrales.

Il faudrait se libérer a priori de cette acculturation savamment programmée par l’ Occident assassin afin de nous contrôler. Il faudrait reprendre le contrôle de notre Afrique. Mon amie Befoune dans un article récent, nous fait part de son avis sur le sujet et je m’en vais ici lui faire écho.

Lorsque, comme souvent je rencontre des gens qui disent « le blanc nous aurait fait »,  » le colon aurait provoqué ceci ou cela », je me sens toujours interloquée.

Ainsi, nous aurions perdu nos racines? Lorsque, comme souvent je rencontre des gens qui disent « le blanc nous aurait fait »,  » le colon aurait provoqué ceci ou cela », je me sens toujours interloquée.

Pour vous dire, il y a une quinzaine d’années, je quittais le Cameroun pour la France, afin d’y poursuivre mes études. Dans ce pays, j’ai connu l’Afrique encore mieux que je l’aurais connu en restant au Cameroun (bien dommage, j’en conviens avec vous). En effet, en France, j’ai découvert les Bibliothèques d’exception, la FNAC, les boutiques de maisons d’éditions intemporelles qui nous sont si chères (Editions L’Harmattan, Éditions Présence Africaine). 

Grâce à la connexion haut débit, j’ai lu encore et encore. J’ai écrit en  exposé scolaire sur les effets de la colonisation. J’ai appris à écrire un apologue et j’ai présenté Le mien à toute ma classe de première (essentiellement française). Il parlait du génocide Rwandais. J’ai reçu plein de questions, et je me suis rendue compte que j’en savais si peu. Alors, j’ai lu, je me suis informée. J’ai acheté des romans, des livres historiques et en Terminale, j’ai consacré un autre projet scolaire au sujet. Je me sentais encore plus africaine.

J’ai réalisé qu’il fallait continuer à s’informer, ne jamais baisser la garde

Toujours en France, j’ai lu sur la France- Afrique et j’ai ainsi perdu toutes mes illusions sur notre milieu politique. En France, sans pour autant devenir activiste, j’ai pris conscience de l’importance critique de forger une certaine citoyenneté. J’ai réalisé qu’il fallait continuer à s’informer, ne jamais baisser la garde. Avant tout, il fallait ‘observer les mouvements politiques globaux car nous sommes interconnectés.

Sur un autre domaine, j’ai rencontré de nombreuses nationalités africaines. Je me suis ouverte à des bouts de leur culture. J’ai découvert argot, plats locaux, danses, musique (le mbalax du Sénégal, un vrai bonheur). J’ai aussi appris us et coutumes, divers spécifiques, tribus, etc.. J’ai tellement apprécié certaines cultures que j’ai même songé à m’y installer (Côte d’Ivoire, Gabon).

Toutes ces découvertes se sont faites hors d’Afrique. Puis, je suis retournée au Cameroun et somme toute j’avais commencé à me perdre. Ou plutôt, je commençais à perdre tous ces acquis.

Tout ceci, je l’ai découvert hors d’Afrique.

Jusqu’à l’arrivée de Trace Africa, la musique africaine n’était mise en valeur qu’en boîte de nuit. Je suis revenue chez moi mais un chez moi parfois loin. En effet,  ici, apprendre sur l’Afrique, lire l’Afrique devenait un parcours du combattant. L’accessibilité du contenu restait et demeure encore un défi. Pour lire africain, il me faudra m’inscrire à l’Institut Français.

Ne parlons pas des célébrations dites culturelles que j’ai pu découvrir. Les représentations des différents groupes ethniques nous ont habitué à des événements d’envergure (Ngondo, Nguon, Mpoo, etc.). Cependant,  ils  sont plus centrés sur l’aspect foire gastronomique que sur un réel espace d’apprentissage. Le partage et le relais entre les différentes cultures, ne semble pas évident.

Ma culture Camerounaise, africaine, je l’ai bâti à l’étranger

En somme, ma culture Camerounaise, africaine, je l’ai bâti à l’étranger. L’émotion qui m’étreint chaque fois que je prononce le mot « Afrique », je l’ai acquise ailleurs. Alors si nous choisissons de voir la colonisation comme cause de notre soi-disante acculturation, est-elle si fautive? Ansi, il faut admettre qu’aujourd’hui nous laissons l’espace aux autres pour la promotion de  notre culture. Par contre,  nous devenons des chantres de la leur et n’avons pas l’humilité de l’admettre. Les étrangers sont très souvent devenus nos porte-paroles.

De ma vie en France, je garde le souvenir de cet apport riche reçu de mes interactions avec d’autres cultures et avec ma culture. De ce séjour, j’ai conservé cet amour pour l’être humain et ce besoin d’aller vers les autres.

Ainsi, dans cette vie  à l’étranger, je me suis informée sur les désastres politiques causés par une décolonisation hâtive et non voulue. J’ai découvert ces nombreux accords signés qui permettaient au colon de garder la main mise sur nous.

Si combat, il devait y avoir, ce serait pour s’affirmer en tant que citoyens dans nos pays respectifs, forts de valeurs issus de nos ancêtres. Tel serait le travail culturel, accepter et vanter qui nous sommes, sans chichis, sans faux engagement. La vantardise inutile n’aurait pas de mise mais l’ouverture sur le monde, si.

Pour finir, on ne  peut pas continuer à subir les œuvres du passé. On ne peut pas se contenter de  demander réparation. En effet, le dédommagement sans prise de conscience, ne servirait à rien.  Plutôt,  il faudrait admettre les quelques effets positifs de la colonisation. Il faudra bâtir le futur de nos enfants avec la juste dose de nos passés multiples et de notre présent.

Ceci n’est que mon avis, sur un sujet bien vaste et polémique. Ajoutez votre contribution au débat au travers d’un petit commentaire ici, sur Facebook ou sur Twitter. Au plaisir de vous lire vite.

Love, Anna♦

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