Anne Christelle

Renouveau et mœurs au Cameroun

Le 4 novembre 1982, le premier président du Cameroun Amadou Ahidjo rend son tablier. Son premier ministre de l’époque, Mr. Paul BIYA, devient ainsi au vu des dispositions constitutionnelles, le deuxième président de ce pays, le 6 novembre 1982. Le renouveau se lève !

Sa prise de pouvoir est censée s’inscrire dans la continuité de son prédécesseur, notamment sur un plan politique. Ainsi, il est membre de l’Union nationale camerounaise. C’est le parti unique et rien ne semble supposer a priori un changement de nature.

Le 6 avril 1984, une tentative de putsch militaire est attribuée à l’ancien président Ahmadou Ahidjo. Elle marquera un tournant décisif : la naissance du Renouveau. Déjà, en septembre 1983, le nouveau président avait éjecté son prédécesseur de la tête du parti unique.

On ne peut assurer jusqu’à ce jour qu’Ahmadou Ahidjo a vraiment souhaité évincer son ancien premier ministre. Cette condamnation a certainement ouvert une nouvelle ère. Ainsi, « les Pères de la Nation » laissent place au règne du « Renouveau ». Le « Renouveau » s’installe avec un nouveau parti politique. Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais naît le 24 mars 1985. Paul Biya en est le premier et seul président jusqu’à ce jour.

Bien plus que la longueur de son règne, c’est son pouvoir de transformation de la société qui caractérise le Renouveau. Au travers de cette ère, une nouvelle élite s’est installée. Cette élite est souvent constituée des ministres et d’hommes d’affaires. De plus, de nouvelles mœurs sont en cours !

Ici, je parle de celles qui me marquent. Toutefois, chacun pourra à la lecture, compléter la liste.

 

Renouveau et règne de l’apparence (toujours plus de facilité sans fond)

En fin 2020, la publication du budget prévisionnel 2021 de l’Etat camerounais mettait en exergue des achats de voiture de luxe pour près de cinq milliards de francs CFA.

Quelles sont les autoroutes prêtes à accueillir ces nouvelles voitures ? A Douala 5e, de nombreuses routes étaient en chantiers à l’approche des élections municipales. Les communes concernées ont terminés ces travaux exactement à la veille de l’élection. De plus, ils avaient l’air réussis. Moins d’un après, certains axes sont de nouveau en chantier. Je cite notamment le Carrefour Rhône Poulenc, entrée principale de plusieurs quartiers peuplés. Tout est à refaire. Les travaux ont repris depuis novembre 2021 et charrie une quantité impressionnante de poussière, tout en créant des embouteillages monstres. Quid du confort de vie des habitants ?

Quel était le budget de l’investissement de départ ? Quelle était la durée estimée de vie de la route à construire ? On peut se poser la question.

A la fin de l’année 2020, on observe 6 % de routes bitumées. Cependant, les décideurs choisissent d’acheter des véhicules de luxe et délaissent l’entretien des routes sur lesquelles ils circuleront.

Lorsqu’on sait l’impact des routes sur le développement du commerce, on s’interroge sur la volonté de fond. Que souhaitent réellement les dirigeants du renouveau et sont-ils prêts à assurer une croissance durable ?

L’apparence, c’est aussi les tenues de tous les jours

Au niveau du citoyen lambda, ce culte de l’apparence se matérialise aussi. Prenons un exemple simple. Dans nos rues, les femmes portent des marques de luxe. Ainsi, Louis Vuitton, Chanel, Hermès ou Fendi sont des stars de notre quotidien. Pourtant…

Le sac matelassé Chanel ci-dessous coûte 3900 €, soit relativement 2 500 000 F CFA. Dans nos rues, un sac semblable coûte 20 000 F CFA

Je ne mentionnerai pas les Sandales Vuitton vendues à 1000 F CFA, qui n’existent nulle part en catalogue. Le culte de la marque contrefaite est ainsi devenu un symbole de consommation au Cameroun. C’est autant le cas chez les hommes que les femmes.

Pourtant, les marques locales de vêtement à tout prix se développent chaque jour un peu plus. Nous avons donc le choix. Nous pouvons porter de la qualité, différenciée et visible, à des prix abordables tout en développant le local. Le culte ultime de l’apparence nous interdit très souvent ce choix.

Malheureusement, cela est visible jusqu’au sommet de la nation. Les représentants de l’élite sont plus visibles en marques internationales, certes authentiques. Ils délaissent les stylistes locaux, même quand ils les portent. Je n’ai que très peu vu, mentionné un tel ou tel couturier de célébrités, pourtant ils sont bien présents.

Chaque année, la cérémonie de remise des vœux à la présidente de la République nous impose cette vision. Les nombreuses invitées exemplifient de manière marquée et marquante ce style de vie. Les exceptions sont présentes, mais ne reste que des exceptions. Les tenues sont suffisamment éloquentes et les attributs de marque, souvent visibles.

Rien de profond, rien de construit. En tout et sur tout, le culte de l’apparence est donc au cœur de notre société.

Renouveau ou culte de l’argent au-delà de la raison

19 février 2021, en préparant cet article, je tombe sur cette information incroyable, même pour moi : « Les champagnes de la présidence de la République revendus au marché noir ». Ainsi, des employés de cette institution du pays arrondissent les fins de mois (à priori déjà confortables) en détournant des cartons de champagne importés et achetés au frais du contribuable Cameroun, pour les revendre auprès d’enseignes de cave dans la ville de Yaoundé.

A part une recherche de revenues financiers irrésolue, qu’est-ce qui pourrait justifier un tel manque de délicatesse?

Anna

Autre mention ou réflexion : nos ministres emprisonnés. Lors de l’arrestation au cours de l’année 2020 de l’un des présumés dauphins de la République, le tout-puissant Edgar Alain Mebe Ngo’o, de nombreux journaux et chroniqueurs sur les réseaux sociaux se sont appesantis sur l’état de sa fortune. Je citerai notamment 53 immeubles appartenant à sa femme et lui, 39 véhicules et engins lourds, plus de 21 comptes courants. Ce récit me faisait aussi penser quelques années auparavant au célèbre ministère des Finances, Polycarpe ABAH ABAH, devenu célèbre pour avoir intronisé la coutume d’organiser des fêtes pour célébrer son premier milliard, au sein de l’élite ministérielle.

De mon entendement, un ministre est « au service » de la nation, de même que tout personnel de la fonction publique. Ces scandales visibles au niveau les plus élevés n’effacent pas tout aussi nombreux observés à des stades plus bas (Receveurs du trésor régulièrement emprisonnés pour détournements de fons publics).

Ainsi, la notion de service semble avoir déserté l’élite du renouveau. Et ceci est donc visible partout. Toute interaction avec un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions peut être complexe. Aujourd’hui pour obtenir un passeport au Cameroun, il faut débourser entre 200 000 et 300 000 F CFA. Or, les frais officiels pour l’obtention du passeport se limitent essentiellement au droit de timbre, désormais fix à 75 000 F CFA. On peut avoir un passeport en respectant uniquement ce droit. Toutefois le nombre de mois qu’il faudra pour y arriver, semble démoraliser les plus patients.

Je ne parlerai même pas ici du nouveau calvaire de la carte d’identité. Voilà désormais que j’attends la mienne. Un coup de fil, et un versement au bon endroit m’aurait initialement épargné cette peine.

Je ne souhaite pas non plus me rappeler de cet ordinateur volé dans un taxi à Yaoundé. Quelques jours après, la police avait pu le localiser. Simplement, pour aller jusqu’au bout de la procédure, je devais selon l’officier en charge, « payer des frais de déplacement ». Faute de quoi, et en dépit d’une plainte officiellement déposée et enregistrée, je n’ai jamais été remise en possession de mon bien, pourtant accessible.

Dans le monde des affaires privées, la pratique des « backchich » ou tout simplement de la « surfacturation » est aujourd’hui un retour que vous entendrez souvent comme source de découragement des jeunes entrepreneurs. Comment réussir et avancer s’il faut à tout prix payer pour avoir le droit de s’en sortir ?

Quant à ceux qu’on paient, que font-ils vraiment de cet argent. A chaque fois que je rencontre dans la rue, un officier de police à bord d’un SUV luxueux et avec quelques connaissances des salaires de base de la fonction publique, je m’interroge toujours d’une part sur la source de financement de cet achat, et d’autre part sur l’image que c’est censé renvoyer sur cette fonction.  

3. Renouveau : la perte de confiance dans le pouvoir du citoyen

En 1992, les citoyens camerounais peuvent pour la première fois voter lors d’un scrutin opposant plusieurs partis politiques. Le président Paul BIYA est le vainqueur en dépit des soupçons avérés de fraude. En effet, pour de nombreuses institutions internationales, et autres observateurs, le véritable gagnant était l’opposant John FRU NDI, leader du parti Social Democratic Front, nouvellement créé.

A partir de cette date et au fil des élections à venir, les scores toujours plus élevés du parti au pouvoir, donneront la sensation plus ou moins permanente que le vote ne sert pas grand à chose.

En 1996, la refonte du code électoral appelée de tous ses vœux par l’opposition n’aura été qu’un paravent. Notamment, le financement des partis politiques pose problème. L’État finance les partis en fonction de leurs résultats. De fait, le parti au pouvoir (RDPC) majoritaire, récolte l’essentiel du financement. Comment faire ainsi, émerger un contre-poids ? Plus d’informations sur le financement ici.

De même, de nombreux choix du gouvernement depuis 1996 rendent difficile l’acception selon laquelle le citoyen aurait le choix. Ainsi, au lendemain de l’élection présidentielle de 2011, les différents partis d’opposition, constatent de nombreuses incongruités et exigent la refonte du fichier électoral. Elle est effectivement entamée par ELECAM, en février 2012, lançant ainsi une phase de recrutement et de reconstitution du fichier électoral [1].

Cependant, si vous demandez à un Camerounais sur deux si son vote compte, la réponse sera « non ». La présidentielle de 2018 a aussi été l’occasion de voir ce sentiment se renforcer. Malgré une volonté observée auprès notamment des jeunes citoyens de protéger leur vote, le sentiment général de tricherie et de manipulation est demeuré. Même ceux qui ont voté, ont eu la sensation que les résultats avaient été trichés.

Ainsi, l’annonce du « hold-up électoral » par le MRC de Maurice Kamto (qui accuse le parti au pouvoir de lui avoir volé la victoire), apparaît comme avoir eu l’effet de démoraliser encore plus les citoyens.

Pour eux, voter n’aurait plus de sens. Les choix deviennent limités et les échanges notamment sur les réseaux sociaux deviennent des guerres de tranchées. J’aurais souhaité vous partager des captures d’écran précises de ces « bagarres » parfois entre partisans du pouvoir et partisans de l’opposition, mais ce serait peut-être trop.

Je retiens cependant qu’au fur à mesure que le temps passe, l’acte de vote semble perdre toute sa valeur. De ce fait, nous devenons par conséquent, plus à risque d’obtenir le changement de pouvoir au travers d’un soulèvement populaire. Serait-ce une option viable ? Le nouveau régime prendrait-il à bras le corps le chantier fondamental et essentiel de la revue du code électoral ? Rien n’est moins sûr.

Renouveau ou le cercle vicieux de connexions et de répétitions

En plus d’avoir perdu confiance en leurs actions, les citoyens vivent le passe-droit comme une norme, désormais.

Le dernier fait divers en date s’est déroulé le 16 février 2021 à Douala. Un vigile de 35 ans meurt à l’hôpital des suites de mauvais traitements reçus à la gendarmerie de Logbessou. Comment ? Suite à une « plainte » déposée par une passante avec qui il a eu une altercation.

Vingt ans avant, le 23 janvier 2021, neufs jeunes disparaissaient à Douala, au quartier Bependa. Arrêtés par la police le même jour, leurs familles avaient perdu toutes nouvelles. Ils avaient été interpellés, suite à la dénonciation de leur voisine. Ils étaient accusés du vol d’une bouteille de gaz.

Ces neufs jeunes n’ont jamais été retrouvés, tout comme les nombreuses personnes arrêtées par le Commandement opérationnel. Leur disparition avait marqué le début d’une mobilisation nationale et internationale qui mit un terme à cette période sombre. Plus d’informations ici.

Dans les deux faits divers exposés, le point commun est simple. Il suffit à un citoyen d’avoir des accointances avec les forces de l’ordre pour agir sur un autre. Par ailleurs, il peut devenir maître du sort de la vie d’un autre. Tout ceci, au travers de procédures extrajudiciaires.

Les prisons regorgent ainsi d’histoires tristes. De nombreux citoyens sont incarcérés aisément et condamnés au terme de procès inquiétants. A force, la probité et l’équité de l’appareil judiciaire sont très souvent remis en cause.

A l’ère du Renouveau, on a ainsi la sensation que tout est à vendre. Il suffit simplement de connaître la bonne personne.

C’est ainsi que l’ENAM (Ecole Nationale d’Administration) fait régulièrement la une des journaux, la qualité de son concours et de ses résultats étant toujours remise en cause. Le même problème est perçu pour tous les concours nationaux (médecine, armée, police) où la sensation est de plus en plus qu’on a pas besoin d’être bons pour intégrer les rangs, mais plutôt avoir le bon contact ou avoir payé le bon montant.

On revient donc ici sur ce culte de l’argent défini en premier point comme l’un des symboles du Renouveau, mais qui semble aller beaucoup plus loin que la simple transaction financière. Le sentiment est celui d’une reproduction des élites, dans tous les domaines et selon des critères qui sont tout sauf objectifs.

Ceci vaut de même dans le secteur privé. A l’occasion d’échanges avec des jeunes sur le marché de l’emploi, l’un des ressentis est « si tu ne connais personne, tu ne peux pas être embauché ».

Ainsi, dans les standards du Renouveau, on en vient à opposer l’excellence ou la justice à la connexion.

Je n’ai pas vécu à l’ère des Pères de la Nation, mais je garde une anecdote fondamentale de cette époque, qui illustre le fossé. Dans les années 1970, une des filles d’Ahmadou AHIDJO, inscrite au Lycée LECLERC à Yaoundé, n’a pas été admise à son Brevet d’études du premier cycle (BEPC). Afin de lui éviter cet affront, mais dans un effort de rester globalement juste, le président a fait organiser une session de rattrapage pour l’ensemble des élèves de troisième ayant échoué à leur examen.

Sa fille a donc eu la possibilité d’être admise, mais donnant en même temps cette chance à de nombreux autres Camerounais qui n’avaient pas le privilège d’être « Fils de ».

Je vous laisse juge de l’écart entre les deux époques.

Une culture de circonstance, vide de sens et d’intention

L’auteur Nigérian Anthony Biakolo l’avait déclaré : « Un peuple sans culture est un peuple sans âme ». Le Renouveau semble avoir fait sienne cette maxime, au point de dénaturer chaque jour un peu plus le sens du mot culture au Cameroun.

En juin 2018, le ministre de la Culture avait ainsi attiré l’attention locale et internationale, en choisissant d’inaugurer l’institut de Beauté d’une influenceuse de la place.

Institut de Beauté et art, institut de beauté et culture, vous avez dit bizarre ? Telles sont pourtant les sommes des bizarreries auxquelles nous habitue chaque jour le Renouveau.

Plus récemment, une loi finalement votée en juillet 2020 a fait polémique. Cette loi définit désormais le statut des associations artistiques et culturelles. Elle a été décriée par l’essentiel de la communauté artistique professionnelle au Cameroun et est devenu le symbole de cet écart toujours important entre l’administration du Renouveau et les citoyens dont elle a la charge.

De même, la vie sous le renouveau au jour le jour n’est pas marquée par une démocratisation marquée de l’accès à la culture. Si on s’arrête à la situation du livre, on peut ainsi noter que :

« Le livre comme objet culturel n’est pas très recherché dans l’espace camerounais, il est bien plus un objet de promotion sociale, c’est-à-dire le livre prescrit, celui qui permet de réussir à ses examens, aucun rapport à la lecture plaisir. » [2]

Raphael THIERRY

Une tentative d’évaluation du nombre de bibliothèques au Cameroun démontre le fossé entre l’esprit (présence attendue dans toutes les écoles et lycées publics du Cameroun) et la réalité de la chose (l’essentiel des bibliothèques marquantes étant des bibliothèques dites étrangères, Goethe Institut, Institut Français du Cameroun, etc.). L’article de Charles Kandem Poeghala, « Où en seront les bibliothèques camerounaises dans dix ans », est à cet effet une lecture fort utile. [3]

Si on dépasse le monde du livre, et que l’on s’attache aux arts plus « ouverts » comme le 7e Art, là aussi, le bilan est triste. Je ne commenterai pas sur le nombre de films camerounais réalisés chaque année, mais je m’arrêterai au nombre de salles de cinéma. Aujourd’hui la Ville de Douala qui compte plus de deux millions habitants, n’a pas plus de cinq salles de cinéma actives (Canal Olympia, Cinema Eden, Douala Bercy, IFC).

Quelque soit donc la croissance possible de la production dans ce domaine, elle n’est que très peu accessible à la population. Des chaînes thématiques comme « Canal 2 Movies » ont été créées mais comment créer une industrie réelle sans support affiché ou marqué de l’Etat ?

La culture sous le Renouveau c’est donc ça, un espace avant tout mercantile (je n’ai même pas voulu aborder le domaine de la musique), où la politique de l’Etat n’est pas claire, et le ministère en charge ressemble à une énorme coquille vide.

Les investissements sont inexistants, et la sensibilisation des citoyens est minimale voire inexistante. On constate ainsi que la mise en œuvre de la culture au Cameroun est un chantier incompréhensible. Les uns et les autres grandissent avant tout avec la culture de leur famille, de leur tribu et le socle commun de savoirs, de patrimoine est tout sauf acquis.

Le dernier aspect à cet égard au Cameroun est bien celui de l’histoire. L’histoire commune n’est pas vulgarisée. Chacun pense détenir un petit pan, et les moindres crises ramènent cet absence d’histoire commune sur le devant de la scène. L’incompréhension grandissante entre francophones et anglophones vient notamment de cette éducation et ces informations divergentes avec lesquelles les uns et les autres ont pu grandir.

L’histoire est utilisée par l’Etat pour atteindre des fins précises et non pour bâtir un discours commun. A cette allure, allons-nous vers l’implosion ?

Conclusion

En écrivant cet article, j’ai songé à l’absence d’objectivité observée dans les débats télévisés au Cameroun. Cet état de fait me mène vers une forme de conclusion.

En effet, il m’apparait ainsi que changer et transformer le pays exige un état des lieux. De ce fait, reconnaissons la situation froide dans laquelle nous nous sommes installés. Il faut alors nous regarder droit dans les yeux. Le Renouveau ne s’éteindra pas avec un changement politique. Il faudra que la nouvelle administration soit déterminée à définir un nouveau socle fondamental pour notre nation.

Dans l’attente de ce changement, j’ai partagé cet exercice. Je l’ai trouvé salutaire pour moi-même. De même, je pense qu’il nous permet individuellement de nous préparer. Il n’est ni parfait ni absolument achevé. J’attends de lire vos nombreuses contributions pour définir « Le Renouveau ». J’ose même croire que vous pourrez me surprendre en mettant en exergue des aspects positifs.

Qu’à cela ne tienne, il n’en reste pas moins que le Cameroun est à l’aube d’une transformation. De ce fait, nous devrons tous être bien conscients. Nous avons une responsabilité collective et individuelle dans la création de la nouvelle République.

Love, Anna.


[1] https://www.bbc.com/afrique/region/2012/02/120207_cameroon_elex

[2] Raphaël Thierry, Rapport de fin de stage, master II sur la situation du livre au Cameroun, 2008.

[3] https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2011-06-0048-005


5 Préjugés qui pèsent sur la vie d’une femme

Naître femme sur Terre, c’est devoir faire face dès la naissance à de nombreux préjugés. En tant que femmes, nous sommes éduquées à accepter ces préjugés comme normaux.

Ainsi, hier, je regardais pour la première fois (si tard), l’un des célèbres TED Talk de l’auteur nigériane Chimamanda NGOZI ADICHIE. Cette présentation faite en 2012 est intitulée « Nous sommes tous féministes ».

Regarder ce message d’une trentaine de minutes a renforcé ma perception sur le fait que quelque chose ne va pas. En effet, le monde a été construit par les hommes, pour les hommes et ceci devrait pouvoir cesser. Les préjugés sont puissants, banaux. Ils s’observent dans les plus petites choses, et comme le souligne Chimamanda, ce sont ces petites choses, qui font le plus de mal. Tout au long de son allocution, elle en liste un certain nombre. Pour cet article, je me suis essayée à faire ma petite liste, sur la base de mon vécu de femme au Cameroun, en Afrique et dans le monde. 

Une femme est faite pour être mère

Cette affirmation et celles qui l’accompagnent (une femme doit se marier, etc..) sont de celles avec lesquelles j’ai grandi. Toutefois, j’ai toujours eu du mal à les comprendre et les accepter. En effet, lorsqu’on pense à la responsabilité qu’incombe le fait de devenir mère, comment peut-on penser que c’est un acte naturel? Avoir un enfant, pour une femme comme pour un homme, c’est être en mesure de l’éduquer, le nourrir, l’accompagner. Comment pourrions-nous penser que sur le chemin difficile de la vie, être père ou mère serait autre chose qu’un choix?

J’ai des amies qui ne souhaitent pas être mères. De même, j’ai parfois entendu parler de femmes stériles et qui ne souhaitent pas adopter. On a tous dans nos familles, au moins-ce une tata, libre, sans enfants et épanouie.

Pour autant, être mère est passé du préjugé à un attribut « normal » de la femme. Les écrits réligieux (Bible, Coran), les légendes traditionnelles (Gé, Mère de la Terre) ont renforcé cette vérité toute faite. Je ne parlerai même pas de la culture dans nombreuses tribus de par le monde, où les femmes stériles sont considérées comme des porteuses du mal.

Je suis mère, cependant, je suis heureuse de pouvoir dire que c’est UN CHOIX. La naissance de ma petite princesse n’était pas pour rentrer dans un rang.Pourtant, malgré ce choix, je dois subir l’expression des préjugés.  Les phrases telles que « enfin adulte », « tu rentres dans la vraie vie » sont légion.

Il est triste de savoir qu’une femme sera souvent définie en fonction de sa progéniture. Sans le rite initiatique de la maternité, une femme ne serait donc pas femme?

On quitte la maison familiale, pour la maison de son mari

Voici un des préjugés particulièrement dérangeant et assez spécifique (quoique pas seulement) d’une certaine tradition africaine. Il est important de souligner le « pas seulement » car lorsqu’on entend des histoires sur la vie des femmes dans certains des pays où est appliquée La Charia, on peut s’inquiéter.

Pour revenir à ma réalité, j’ai entendu cette phrase un nombre incalculable de fois. Chaque fois qu’en tant que femme (ou être humain), tu aspires à l’autonomie, l’entourage te le rappelle. Ces rappels sont de tout ordre: amie, ami, oncle/tante, supérieur hiérarchique, dragueur, etc.. Il semblerait que dans notre société, la femme ne puisse pas vivre seule. Parcontre, les jeunes hommes dès la fin de l’université sont largement encouragés à quitter le giron familial. Chez les femmes, on arguera d’une faiblesse, parfois d’une mauvaise image, et bien évidemment le mari.

Le mariage est ce sésame, passeport pour la vie adulte, tout comme la maternité. En somme, être adulte pour la femme, c’est passer d’une tutelle à une autre. Etrange. Pour avoir pensé cela, je me suis faite traiter d’occidentale. Vouloir s’assumer  sans homme serait en réalité un affront à l’ordre établi.

On suppose (préjugés encore) que toute femme aspire au mariage. Au-delà de ça, on pense qu’elles sont toutes faites pour cela et doivent s’y préparer. Une femme qui a réussit c’est une femme avec enfants et mari. Un homme qui réussit c’est d’abord une carrière fulgurante et accessoirement une vie de famille inspirante.  Pourquoi?

Pis, le simple fait d’écrire ces mots, me rangeraient pour beaucoup dans le camp de celles qui s’opposent au mariage. Préjugés encore.

 

Les femmes sont bavardes

Quand on pense à ça, on devrait aussi penser à « Bavarde comme une pie ».  Personnellement, je suis souvent qualifiée de bavarde, et d’aucuns en lisant ce texte qui tire déjà à 751 mots, me diront aussi et ici que je bavarde.

A l’homme qui s’exprime en public, on associe l’éloquence. A la femme, on associe le bavardage, voire même le commérage. Comme quoi, les femmes seraient celles qui colportent les fausses nouvelles. Ce serait inné, inscrit dans nos ADN. Intéressant.

Dans le monde professionnel, cela devient plus prégnant. On dira de ce chef dont le caractère la rend passionnée qu’elle bavarde. A contrario, l’homme qui « hurle » sera considéré comme ayant de la poigne. Tout cela suppose encore que la femme ait brisé le plafond de verre.

Bavardages, Cuisines, Femmes, Discours, Conversations, Bureau, Homme.  Les préjugés pointent leur nez.

Une femme doit savoir faire la cuisine

En voilà un autre pour lequel je ne saurais décrire mon sentiment profond. Faire la cuisine, est une activité qui chez moi, détend. J’aime le faire, même si pour un millier de raisons, je ne la fais pas autant que je voudrais.

Cependant, je n’accepterai jamais d’être étiquetée pour le fait de le faire ou pas.  Comme le souligne une chanteuse camerounaise célèbre « l’homme c’est le ventre et le bas ventre ». Une fois de plus, on ramène la femme à ce rôle d’épouse ou au minimum de compagne. Faire la cuisine (le ventre) serait donc une aptitude nécessaire pour conserver son mari. En effet, il appartient à la femme (ceci pourrait être tout un article) de conserver son mari. Il n’appartiendrait pas à chacun de faire sa part pour que le couple fonctionne. Quoique si, mais la part de la femme c’est entre autres la cuisine.

On détourne cette noble activité de sa réelle nature (bien manger), pour en faire un outil pour bâtir un schéma.

Parler du ventre, et du bas-ventre, fait la bonne transition avec mon dernier point.

Une femme ne doit pas trop aimer le sexe

Alors même que le bas-ventre (donc le sexe) serait un outil clef dans le rôle de mère et épouse, il ne faudrait pas en faire trop. Ainsi, une femme ne devrait pas assumer un intérêt particulier pour le sexe. Le cas échéant, elle est souvent qualifiée de frivole. Un homme qui « tire tout ce qui bouge » est tout simplement un « Don Juan ». Une femme qui ferait de même, est une « pute », ou encore une « nymphomane ». Le mot « nymphomane » bien que sans genre, est plus souvent associé (préjugé de ma part aussi-rires) à la femme qu’à l’homme. Je l’ai toujours entendu utilisé comme une insulte suprême.

Le sexe pour une femme, ça devrait être dans le mariage, et avec son mari uniquement. Cependant, l’homme pourrait être naturellement infidèle (préjugés encore) et cela lui serait pardonné.

Une femme n’aurait donc pas le droit d’assumer sa plénitude sexuelle? Elle devrait se cacher de ses envies. Elle ne devrait pas regarder des films X?

Je finirai sur cette note quelque peu provocante, pour vous inviter au débat. Ceci n’est qu’une tentative de liste. Quels autres préjugés sont associés à la femme dans votre pays? Qu’en pensez-vous? Au plaisir de vous lire en commentaires, sur Facebook ou Twitter.

Love, Anna♦


« Real people have real challenges » ou apprendre à relativiser

Cette petite phrase en anglais, résume la leçon tirée ce jour : relativiser. C’était à l’occasion de la formation reçue au GICAM ( Groupement Interpatronal Camerounais) dans le cadre de son partenariat avec le Bureau International du Travail (BIT) pour la promotion de l’entrepreneuriat féminin.

En effet, les personnes réelles ont de vrais problèmes et les affrontent. La vie est une somme d’expériences, de difficultés qui nous façonnent et en face desquelles, nous avons toujours le choix.

Ainsi, nous pouvons soit cesser de vivre, estimer que le poids est trop lourd et tenter d’attenter à notre vie. Nous pouvons aussi, vivre mais en portant un masque de douleur et de peine tous les jours de notre vie, attirant encore plus de malheurs sur nous. Soit, nous pouvons tout simplement, faire face, chercher l’opportunité dans le tumulte et ainsi devenir des personnes meilleures, s’ouvrir de nouvelles voies et progresser vers la réussite. Les témoignages de Mme Viviane ONDOA BIWOLE ou encore celui plus marquant de Mr. Henri FOSSO, de même que les prises de paroles dans l’assistance des femmes entrepreneures présentes, m’ont incité à plus de relativité et d’humilité.

En effet, je suis entrée dans la salle de formation ce matin, portant mes soucis et mes tracas sur ma tête. Je me sentais lasse et était venue plus pour tenir un engagement moral que par réelle envie d’être là. Écouter les intervenants, ressentir l’énergie de toutes ces femmes présentes, écouter leurs préoccupations, tout cela m’a fait sortir de mon petit monde, en plus d’avoir été une super formation. Je ne dirais pas que tout mes problèmes s’en sont allés. Tout simplement, j’ai pu les relativiser et réaliser qu’à la taille du monde, ils étaient somme toute insignifiants. J’ai aussi eu la certitude que pour tout problème il y a une solution.

Le monde va vite, nos vies encore plus et face à leur complexité, nous avons toujours le choix: nous enfermer dans nos bulles pour se lamenter ou tourner la tête et regarder la « misère du monde » pour réaliser que somme toute, nous sommes bénis.

Cette semaine, je parle plus de développement personnel, signe de l’État de mon esprit (rires) mais sachez que c’est un plaisir de partager avec vous, ce qui se passe dans cette petite cervelle, en constant renouvellement. Je suis bénie par vos mots, messages, j’aime et autres. Sur ce, demain déjà la semaine arrive à son terme. Alors, faites-le point, gardez le positif et rappelez-vous « real people have real problems ».

Commentaires, partages, contributions sont comme toujours les bienvenus. Ça se passe ici, sur la page Facebook ou sur Twitter. Agréable soirée à vous chers lecteurs.

Love, Anna ♦


Un Peu De Générosité vous fera du bien

Observer ma fille au réveil chaque matin, c’est recevoir une belle leçon de générosité à l’état brut. En effet, lorsqu’elle se réveille la plupart du temps, elle est pleine de joie. Elle gazouille dans son lit, joue avec ses peluches, comme disant merci au créateur de lui avoir offert un jour de plus sur Terre.

Pendant ce temps, je l’observe, je souris et tout comme elle, la générosité m’habite. Plutôt, j’essaie d’être habitée par la même générosité, une envie de faire plaisir et de partager de la joie tout simplement parce que je suis vivante. Malheureusement, ces instants ne durent pas.

Trop souvent, je me laisse envahir par le doute, l’inquiétude, en songeant  aux challenges de la journée. Mais quai j’y repense, toutes les journées où j’ai pu garder cet esprit de générosité et de gratitude tout le long, ont été plus productives, plus sereines.

En effet, faire preuve de générosité s’apparente à faire preuve d’empathie. Cela suppose de prendre les gens comme ils viennent, sans les juger, sans préjuger de leurs intentions.

La générosité nous permet d’aller plus vite car on ne recherche que le positif, la solution toujours. Elle nous permet d’être plus efficace car on perd moins de temps en conjectures. On propose ou on exécute mais dans tous les cas, on agit plus.

Enfin, je dirai que faire preuve de générosité, c’esr très souvent faire preuve d’humilité. Or ne dit-on pas que l’humilité précède la gloire. Comme exemple, je dis difficilement non à ma fille lorsqu’elle exprime un besoin. Ne parlant pas, elle exprime ses besoins par des gestes, des mimiques pleines d’amour qui me font fondre. Oui, elle partage son amour.

En résumé, comme les touts petits, avançons dans la vie en transmettant et inspirant la générosité. Il est fort probable que nous passerons des journées plus agréables et plus productives.

Qu’en pensez-vous? L’avez-vous déjà vécu? Partagez votre contribution en commentaire ou encore sur la page Facebook et sur Twitter.

Love, Anna♦


L’amour est inconditionnel, qu’en pensez-vous?

L’amour est inconditionnel. Telle est la vérité si souvent oubliée, qu’une vidé de développement personnel m’a rappelée cette semaine.

En d’autres termes, il ne s’achète pas, ne se monnaie pas. Lors qu’ici je parle d’amour, je parle tout autant de l’amour filial que de la passion amoureuse. 

En effet, on voit plus facilement l’aspect transactionnel dans la relation amoureuse. De ce fait, on se rend moins compte de sa présence dans les relations entre parents-enfants, frères et sœurs.  Grâce à ce long film, j’ai retenu que nous avons très souvent recours à la transaction dans le lien d’amour.

Pour tel enfant,nous dirons, si tu es sage, je t’achèterai un cadeau. A notre, épouse, on achètera un parfum pour entendre les mots « Je t’aime »

L’amour est au contraire inconditionnel et devrait l’être en tout temps. Ainsi en est-il de cette citation tirée de la Bible (1 corinthiens 13 v 1 à 13) et reprise dans des environnements si différents, tant elle touche les cœurs:

L’amour est patient, l’amour rend service. Il n’est pas jaloux, il ne se vante pas, il ne se gonfle pas d’orgueil. L’amour ne fait rien de honteux. Il ne cherche pas son intérêt, il ne se met pas en colère, il ne se souvient pas du mal. Il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité. L’amour excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout.

En cette soirée de Dimanche qui s’achève et en cette nuit qui vous prépare au début d’une nouvelle semaine, voici quelques mots que je souhaitais partager avec vous chers amis, chers lecteurs.

Oui l’amour est inconditionnel. Détachons-nous de cette sensation d’achat que nous avons vers l’autre. Aller vers lui avec  l’intention consciente ou inconsciente de recevoir quelque chose en retour pour notre amour. Pire encore, lui donner quelque chose en retour de son amour. On achète pas l’amour d’un enfant, on se comporte tout simplement en parent responsable.Celui d’un frère ou d’une sœur s’achète encore moins, on se contente de l’aimer sincèrement. On  continue en le  soutenant en tout temps sans jamais rien attendre en retour. De même, il faut refuser de forcer l’amour d’une femme ou d’un homme. Plutôt, on le (la) laisse partir et on continue à l’aimer, car nul n’est maître du futur.

Mais au final, il ne s’agit là que de mon opinion (et celle que j’ai assimilé dans cette vidé de développement personnel), et je serais ravie sur le même sujet de découvrir la vôtre. Partagez votre avis dans la section commentaire, juste en-dessous, allez plus loin en commentant sur Facebook ou sur Twitter.

Love, Anna♦


Mon homme comme je l’aime en 5 Traits

Petit silence par ici, et me voilà de retour pour parler d’homme (rires) ou plutôt de « mon homme idéal ».

Tout simplement, en réponse à cet article intéressant publié par  la blogueuse Befoune, auteur sur Self-ish, je vais décrire en cinq points, ce que je recherche chez un homme ou plutôt chez l’homme de mes rêves.

1. Il doit s’aimer et se suffire à lui-même

Voilà, c’est dit. Avant de pouvoir donner de l’amour, il faut en avoir pour soi. Il faut s’aimer, se respecter, avoir confiance en soi. Mon homme ne doit pas avoir besoin de moi pour savoir ce qu’il vaut. Il ne doit pas être dépendant de mon amour, de mon attention, pour se sentir épanoui.

En effet lorsque quelqu’un nous aime, cela met sur nous, une forme de poids, de responsabilité inouïe. Or, si l’homme qui nous aime, a en plus de la difficulté à s’aimer, il verra tout en fonction de nous.

De même, trop souvent, je vois ou j’entends parler d’hommes qui mènent une vie dissolue, n’arrivent pas à atteindre leurs objectifs de vie et même à s’en fixer, sous prétexte d’être célibataire. Puis, dès qu’ils se marient, tout change. Je ne veux pas de ce type d’homme.

Je veux un homme qui n’a besoin de personne pour s’affirmer, pour atteindre ce qu’il se fixe comme objectif et pour être heureux. Je ne veux pas d’un homme esclave de la femme, du sexe, ou de son entourage (sa mère, ses amis, etc.). Mon homme à moi doit être libre d’être seul et ne pas attendre d’une relation qu’elle lui apporte la paix qu’il n’aurait jamais eu.

2. Il doit être une source d’inspiration

Source d’inspiration, intellectuel, tout ça, tout ça. Oui, je veux un homme de qui je peux apprendre, tout comme il peut apprendre de moi. Il doit être intelligent, cultivé et curieux. C’est quelqu’un dont le parcours de vie, la façon de voir les choses ou l’intellect doivent pouvoir me donner envie.

Je veux pouvoir avec lui de longues discussions sur des sujets qui nous passionnent respectivement. Ouvert sur le monde, conscient de son vécu, toujours prêt à se développer et à aider les autres, il doit avoir l’âme d’un leader. Leader ne signifie pas riche, puissant. Leader pour moi signifie, source de changement, source d’inspiration.

3. Il doit être ambitieux et pragmatique

Ambitieux et clair sur les moyens d’atteindre ses ambitions, il doit totalement l’être. Il doit être ambitieux, assez pour comprendre et accepter que sa moitié puisse l’être aussi et la soutenir, tout comme elle le soutient.

Il ne doit pas être  de ceux qui se contentent du train-train quotidien, sans plan de développement, sans chemin pour évoluer, sans but, sans objectif. Cependant, il doit rester sur terre, être totalement pragmatique.

Je ne veux pas d’un Don Quichotte de La Mancha, qui veut sauver le monde, mais ne sait pas comment se sauver lui-même. Je veux quelqu’un qui peut prendre des risques mais en les mesurant, et en sachant se prémunir de leurs effets indésirables.

Je veux donc qu’il aille au bout de ses rêves mais en faisant tout pour les rendre réels.

4. Nous devons être amis avant tout

L’amitié dure plus longtemps que l’amour. A un ami, on se sent en confiance pour tout dire. A un amoureux, on veut parfois faire plaisir, ne pas blesser.

Je veux donc un ami avant de vouloir un amoureux. Avec mon homme, je veux pouvoir parler de tout sans complexes. Avec lui, je veux des fous rires, parler sans voir le temps passer, partager au moins-ce quelques passions en commun.

Mon homme à moi doit être prêt à tout entendre. Je dois pouvoir lui dire sans complaisance ce qui ne marche pas et il doit pouvoir faire de même pour moi.

Sans chercher à le changer, je dois pouvoir l’accompagner pour devenir la meilleure version de lui-même et il doit pouvoir faire de même pour moi.

C’est ainsi que s’entendent des amis. Sans aucun doute, je veux un ami.

5. Nous devons regarder dans la même direction

On pourrait penser que c’est semblable à de l’amitié, que nenni. Regarder dans la même direction signifie avoir la même vision de la vie, partager des valeurs communes et envisager le futur de façon semblable.

En effet, j’ai notamment une vision particulière pour mon continent l’Afrique. Je veux partager ma vie avec un homme qui partage globalement cette vision.

Je suis aussi très claire sur ma vision de la vie de couple, du rôle de l’homme et de la femme, et par conséquent, sur le type d’éducation à donner à mes enfants.

Ceci ne sont que des exemples mais avoir des visions différentes de la vie dans un couple, sont sources de tensions inutiles et très souvent, à l’origine des divorces. Je ne veux donc pas de ce scénario.

Je pourrais aller plus loin dans ma liste mais cela deviendrait un roman. Je pense simplement qu’au-delà de tout, je veux désormais prendre le temps. Prendre le temps de connaître l’autre, de le mesurer, de le comprendre.

Qu’en pensez-vous? Que recherchez-vous chez l’homme ou la femme de vos rêves? D’ailleurs ça existe pour vous? Vos avis attendus en commentaires, ici, sur Facebook ou Twitter.

Love, Anna♦


Où va le Cameroun?

Depuis quelques mois, le Cameroun, mon beau pays vit des moments difficiles, plus précisément depuis Octobre 2016.

Une partie du pays, plus précisément les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, a sombré dans la colère face aux nombreuses brimades reçues depuis des décennies. Pour le dire de façon simple, quelque soit ce qu’on pense réellement de la forme de l’insurrection, le Cameroun anglophone a eu l’audace que voudrait avoir tout le Cameroun.

Les dirigeants bien-pensants et maniaques de contrôle ne s’y sont pas trompés. Ils ont senti le soufre, et les réponses ont été violentes. Ainsi, une grève estudiantine a été réprimée dans la terreur. Le spectre des « villes mortes » a recouvert le Sud-Ouest et le Nord-Ouest. De plus, l’éducation scolaire a été le théâtre le plus grand de la manifestation de l’insatisfaction. Les cours ont été interrompus le 21 Novembre pour près de quatre mois.  Aujourd’hui, les cours auraient repris, ainsi le mal a déjà largement été fait.

Toutefois, comme suggéré en introduction de mon paragraphe, les dirigeants ne s’y sont pas trompés. Ils ont vu rouge. Ils ont supposé une attaque à leur stabilité. Ils ont anticipé une perte de contrôle. Enfin, ils ont identifié un potentiel de réplique ailleurs dans le pays. Les mesures, les actions, les initiatives ont été nombreuses pour tenter de noyer le poisson. Lorsqu’il a été bien admis que tout cela ne servirait à rien, on n’est passé à la phase répressive:

  • Arrestation des meneurs des mouvements et de menu fretin (manifestants présumés, assaillants présumés, étudiants, etc.), et convocations au tribunal militaire. Les procès sont en ce moment ouverts.
  • Coupure de l’accès à internet: 69 jours que dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, il n’y a juste pas d’internet. Incroyable mais vrai. Pour rappel, quand même #bringbackourinternet. Cela n’est-il pas excessif?

Eh oui! On est passé à la phase répressive et je dirais que les hauts dirigeants ont assumé ce qu’ils étaient pour la plupart: des personnes qui ont PEUR. Peur du changement, peur de voir leurs acquis disparaître, peur de ne plus pouvoir maîtriser les choses. Cependant, je pense qu’une petite voix devrait leur souffler que la peur est de nos émotions humaines, l’une des plus mauvaises conseillères dans l’action. C’est simple, lorsqu’on a peur, on fait tout mal, et surtout, on exagère.

La semaine qui s’achève, m’a démontré si j’en doutais encore que nos dirigeants étaient réellement habités par cette peur, une peur malsaine, irréfléchie et de ce fait potentiellement dangereuse pour notre bien-être à tous. Ainsi, j’ai reçu la triste nouvelle de la convocation de Maitre Akere MUNA, au sécrétariat d’Etat à la Défense. Véritable camp militaire, il est considéré par beaucoup comme l’anti-chambre de la mort. Il est vulgairement connu sous ses initiales, le SED, un endroit peu gai, je peux vous l’assurer.

  1. Pour référence, Maitre Akere MUNA, est un avocat Camerounais reconnu internationalement. Il a été a la tête de l’ordre des avocats de 1997 à 2002. Il a été vice-président de Transparency International. Il est reconnu pour sa tempérance, son objectivité, son sérieux. C’est un acteur majeur de la société civile, un citoyen. C’est un homme qui a toute la trempe d’un potentiel président de la République, mais qui a si bien compris la nuance entre société civile et politique. Cet homme, que dirais-je cette icône serait accusé de terrorisme, de sécession et que sais-je d’autres encore pour avoir donné son avis sur la crise anglophone dans un Journal? Eventuellement lui reprocherait-on d’avoir choisi en tant qu’avocat (son métier) d’assurer la défense des membres du consortium, leaders déclarés de l’insurrection?

En somme, la petite main qui vous écrit ici pourrait se voir convoquer au SED pour avoir écrit ce que j’ai écrit plus haut? En est-on arrivé là? Ma tête bloque depuis que j’ai appris cette nouvelle et je ne pouvais au final qu’écrire dessus. Maître MUNA a été entendu et libéré mais le simple principe de la convocation a de quoi effrayer et inquiéter. Pis encore, un célèbre journaliste sportif, d’origine anglophone, Fon Echekie (comme si cela devrait être une origine), a été lui aussi convoqué au SED pour demain 28 Mars à 9 heures précises (tel que mentionné avec insistance sur le courrier de convocation). Qu’aurait-il pu dire ou faire autour de cette crise qui nécessiterait une convocation de cet ordre?

Il n’y a aucun doute que le respect de la liberté d’expression n’a jamais été le fort de nos dirigeants. Il y a encore moins de doute qu’ils aient un jour voulu comprendre ou appliquer le sens du mot « démocratie ». Ce dernier mot à mon sens, ne saurait même pas être le problème. En effet, il y a tout sauf une forme de gouvernement valide pour développer un pays. Cependant, l’hypocrisie abyssale de ces personnes qui nous dirigent est tout de même à observer avec grande tristesse.

Hypocrisie car de nos jours, le mot dictature ne fait pas bon genre. Démocratie c’est le mot à la mode et nos dirigeants veulent être à la mode. Mais que sert-il donc d’être à la mode si on est complètement incapable d’exécuter même un centième du concept à la mode? Que sert-il d’être à la mode, lorsqu’on est capable de couper deux régions du pays, d’accès aux hautes technologies, au savoir, au monde, pendant 69 Jours? Quel est l’intérêt d’être à la mode si être un membre actif de la société civile ou un journaliste de renom sont des tares du moment qu’on donne son avis sur ce qui dérange?

Serait-il possible de rappeler à nos dirigeants que tout ceci ne serait pas arrivé s’ils avaient su se montrer un peu moins égoïstes? Est-il possible de souligner à ces personnes qui nous dirigent qu’ils sont avant tout des êtres humains et ne pourront jamais se substituer à Dieu?  Y-a t-il une possibilité de leur faire comprendre que le mauvais cœur ne paie pas?

On ne peut pas prendre sans jamais rien donner. On ne peut pas écraser sans jamais laisser respirer. On ne peut pas vouloir tout pour soi et rien pour les autres. Oui, on ne peut pas faire cela à plus de 22 millions de personnes, ne même pas être 2000 et penser que la roue ne tournera jamais.

La crise du Cameroun Anglophone et les réactions saugrenues qu’elle provoque chez nos dirigeants depuis quelques mois, sont le signe que le Cameroun file un très mauvais coton. J’avais déjà dit en 2014, que mon pays allait mal. Je le redis encore, le Cameroun va mal.

Il est temps que cela cesse et ce petit billet est un appel à nous tous. Pour tous ceux qui ont fermé les yeux en se disant, « je ne suis pas anglophone, moi quoi ». A tous ceux qui ont pensé à Eseka un moment puis ont oublié. Pour ces personnes qui gravitent autour de nos dirigeants et profitent à fond du système pour écraser en-dessous d’eux aussi. Pour tous ceux qui font comme si tout va bien, il est temps de nous réveiller.

Ce n’est pas un appel à la révolution. Les armes à mon avis sont la solution des faibles. Nous sommes forts, nous sommes volontaires. Nous voulons d’un autre pays pour nos enfants, commençons à ouvrir les yeux. Comment? Je ne sais pas, je n’ai pas de réponse toute faite. Ma première action: écrire ici. Ma deuxième action: avoir ma carte d’électeur dans ma poche. Cela suffira t-il? Certainement pas, toutefois il faut bien commencer quelque part.

A votre tour d’écrire. Que pensez-vous de la situation que vit le Cameroun en ce moment? Quelles leçons en tirez-vous? Qu’est-ce que les citoyens peuvent faire différemment? Vos commentaires ici, sur Facebook, ou sur Twitter avec le hastag #annaécrit

Love, Anna♦

PS: Quelques lectures supplémentaires sur le sujet

  1. Portrait Wikipedia D’Akere Muna
  2. Communiqué officiel d’Akere Muna après son passage au SED
  3. Opinion de David Abouèm A’Tchoyi (ancien gouverneur du Sud-Ouest puis du Nord-Ouest), une analyse juste et objective.

 


Le pouvoir de l’action, je n’en doute plus!

Le pouvoir de l’action ou plutôt le pouvoir de l’intention, ou surtout et encore le pouvoir de l’action.

Au terme d’une nouvelle semaine de travail, de développement personnel, d’ambition, j’ai retenu une leçon simple: penser, vouloir et agir ont énormément de pouvoir.

Lorsque je pensais au titre de cet article, ou plutôt que je revivais ma semaine, les instants, les émotions et le vécu que je souhaitais partager avec vous, l’expression « le pouvoir de l’action » m’est venue toute naturellement et j’ai fait une petite recherche Google (mon meilleur ami).

Le premier article titrait « Le pouvoir de l’action au quotidien » et menait tout simplement à un site de développement personnel. L’un des deuxièmes articles, opposait l’inertie naturelle que ressentent beaucoup face à un projet d’envergure, à une idée d’inertie de l’action, commune aux entrepreneurs notamment ou toute autre personne à l’attitude volontariste. Ces personnes choisissent en effet d’effectuer une action, ne serait-ce que la plus petite, conscient qu’une action après l’autre, ils finiront bien par avancer.

Cette petite recherche sur « le pouvoir de l’action » soulignait bien le fait que je ne m’étais en aucun cas trompée dans mon ressenti et mon analyse. La mention du monde des « entrepreneurs » était d’autant plus surprenante que c’est exactement dans cet univers que j’ai pu tirer ma leçon. Alors, qu’ai-je appris effectivement?

Il y a dix jours, je revisitais un document personnel écrit pour matérialiser ma vision et mes ambitions tant professionnelles que privées. Ce document était au départ bien joli bien beau, mais une vision sans plan d’action est tout au plus un rêve. Plus, c’est un rêve qui a peu de chances de se réaliser. J’avais donc décidé d’une part de mettre à jour ce document et d’autre part d’y adosser un vrai plan d’action.

A la fin de cet exercice, il était clair qu’il y avait des actions urgentes qui devaient être implémentées autant sur le plan privé que sur le plan professionnel. De même, quelques jours avant, j’avais « agi » auprès de prospects cibles pour obtenir des rendez-vous factuels.

J’avais commencé la semaine qui s’achève, en la considérant comme CRITIQUE, ESSENTIELLE. Consciente de cela, j’avais cessé de réfléchir. Cette conversation personnelle tant repoussée, attendue mais en même temps si redoutée, j’avais tout fait pour qu’elle arrive finalement. Cette offre sur laquelle j’avais tourné tout au long de la semaine d’avant, je l’avais enfin rédigée. Ce rétroplanning que j’avais peur d’affronter dont je ne faisais que repousser la finalisation, avait été enfin terminé et envoyé.

Au-delà de la satisfaction personnelle née de ces différentes actions, de la sensation de paix (sur un plan personnel) et de productivité (sur un plan professionnel), j’ai surtout créé des opportunités. C’est ainsi que je recevais dans la semaine cet appel inattendu m’incitant à envoyer une offre commerciale que je ne pensais plus pouvoir envoyer. De même, j’eus l’occasion de participer à cette session de travail bien fructueuse. Des opportunités semblaient s’accélérer, s’ouvrir à la vitesse grand V, par le simple fait de les avoir pensé, souhaité et SURTOUT d’avoir agi en conséquence.

Il est très facile dans la vie privée, et plus encore dans le domaine professionnel et le monde de l’entrepreneuriat, de se décourager.

Il est très facile dans la vie privée, et plus encore dans le domaine professionnel et le monde de l’entrepreneuriat, de se décourager. Il est aisé de penser que tout le monde avance plus vite que nous, qu’on est au final pas si doué, pas si travailleur, pas tant à la hauteur. Douter, trembler, abandonner c’est facile, mais au final cela ne sert à rien. Lorsqu’on a l’impression de ne plus contrôler les choses, il faut reprendre le cap tout simplement. Si vous pensez avoir tout fait, pensez-y encore et vous verrez certainement une petite action, une pierre non retournée, une serrure non ouverte, et c’est par là que le changement arrivera.

Sincèrement, il y a deux semaines, j’étais un peu découragée. Je me posais beaucoup de questions et surtout je remettais en question un certain nombre de choix. Malgré la méditation, l’écriture (j’écris tous les jours depuis trois semaines dans un petit journal, superbe sensation, je vous encourage à tenter l’expérience), l’inertie voulait prendre le contrôle. Au lieu d’agir, je réfléchissais. Au lieu d’agir, je doutais. Au lieu de m’encourager, je me dévalorisais. Je sentais les signes d’une petite déprime qui dans ma vie d’entrepreneur, de maman, de bloggueuse, n’a juste plus le droit de s’installer (rires).

La première action a été mentionnée plus haut a été le tracker. Les actions découlant de ce dernier ont été la suite. L’impulsion, la volonté d’agir, la soif d’y arriver donnent du pouvoir à nos actions et nous mènent où nous le souhaitons. S’il me fallait encore des preuves, j’en ai eu la conviction au cours de cette semaine.

Cela ne signifie pas que je ne ferai pas face à des obstacles. Cela ne signifie pas que ces obstacles ne pourront plus jamais être source de petite déprime. Cela signifie tout simplement que j’ai le pouvoir, tout comme vous cher lecteur. Le pouvoir de l’action, le pouvoir d’avancer, nous l’avons tous au fond de nous-mêmes face aux challenges. Il ne tient qu’à nous de garder l’œil visé sur nos objectifs et de continuer à avancer, une petite action après l’autre. Paulo Coelho n’a t-il pas si bien dit :

«Quand tu veux quelque chose, tout l’Univers conspire à te permettre de réaliser ton désir.» tiré de l’Alchimiste.

Alors agissez chers lecteurs, n’ayez peur de rien, et à très bientôt pour de nouvelles discussions.

Ce billet vous a paru utile? Vous aimeriez d’autres retours d’expérience de ce type? Vous avez une expérience similaire à partager ou tout simplement, un commentaire, une remarque à faire? N’hésitez pas dans la section Commentaire, sur Twitter suivi du hashtag #annaécrit, ou sur Facebook

Love, Anna♦

PS: Quelques textes issus de la recherche Google que j’ai trouvé sympa:

  1. Créer l’inertie pour générer le pouvoir de l’action
  2. Le pouvoir de l’action (dans le domaine commercial, Top) 

 


L’Homme est empli de Spiritualité

Bonsoir chers lecteurs,

Bienvenue pour notre rencontre hebdomadaire. Aujourd’hui, nous parlerons de spiritualité si vous le voulez bien.

Il y a neuf mois, je devenais maman. Ces neufs mois et tout le parcours avant (la grossesse) ont été l’occasion d’une grande introspection et par certains côtés d’une grande remise en question. Tout au plus, cette expérience (dont je parlerais certainement dans un prochain article), a été l’occasion de réaffirmer les valeurs essentielles de ma vie, mes buts et objectifs, ainsi que les piliers nécessaires pour y parvenir.

Parmi ces piliers, j’ai pu identifier, la religion qui est la mienne ou plutôt l’exercice spirituel.

De nos jours, de nombreux axes de croyance, de développement personnel, ou de religions mettent en exergue l’importance d’une vie spirituelle nourrie et bien établie pour une vie plus riche et un meilleur équilibre. Cependant, nombre d’entre nous sur la planète Terre sommes athées, nombre d’entre nous ne partageons en aucun cas la même religion, ni le même espace de croyance. Toutefois, lorsqu’on lit sur les réseaux sociaux des témoignages de personnes qui ont réussi dans la  vie, elles évoquent très souvent, notamment dans leur routine quotidienne, un temps de méditation. Alors, je me suis innocemment posée la question, et elle a fait le tour de ma tête tout au long de la semaine: peut-on vivre sans croyance? peut-on vivre sans vie spirituelle et être heureux?

Aussi loin que je puisse m’en souvenir, j’ai vécu dans un environnement religieux. Je suis née dans une famille où au moins-ce l’un des deux parents pratiquait sa religion donc sa vie spirituelle avec engagement (ma mère en l’occurrence) et nous y a conduit. J’allais au « culte d’enfants », j’apprenais à prier, à lire le livre saint associé à ma religion et à mettre en pratique dans ma vie de tous les jours les préceptes que j’apprenais. De même, j’ai été dans un collège confessionnel et ait fait le choix d’appartenir à la chorale. La fréquence des services religieux auxquels j’assistais a donc été plus importante et ils étaient toujours l’occasion pour moi de manifester ma croyance et notamment dans le chant.

A l’adolescence, j’ai quitté le giron familial pour des études à l’étranger et là-bas j’ai gardé certaines habitudes religieuses bien que moins suivies et surtout j’ai renforcé mon lien avec l’entité suprême au travers de prières, méditations et lectures. J’avais toujours le sentiment (comme d’ailleurs aujourd’hui) d’avoir manqué quelque chose si je sortais de chez moi sans prier par exemple. De même, lorsque je ne respectais pas les principes liés à ma pratique religieuse, je ressentais un manque, ou plutôt comme une sensation d’échec.

Au cours de mon séjour à l’étranger, j’ai vécu mon premier deuil brutal proche. J’avais déjà perdu un être cher plus jeune mais de longue maladie. Là, le décès était survenu sans qu’on s’y attende, sans crier gare. Il m’avait laissé estomaquée, abattue et plein de doutes. Plus tard, au fil des mois et des années, il m’avait dans un premier temps dérouté et mené sur un chemin un peu tortueux, persuadée que j’étais que tant qu’à faire, il fallait mourir une fois.

Renouer avec mon être spirituel, m’a permis de changer ma vision des choses et sur les dernières années et d’autant plus depuis l’événement de la maternité, ma vie spirituelle est l’un des fils conducteurs de ma vie.

Je me pose donc la question simple, l’Homme peut-il vivre sans vie spirituelle? Sommes-nous conçus pour pouvoir nous détacher de tout et vivre notre vie sans penser à demain, sans se soucier des autres?  Que l’on soit chrétien, bouddhiste, hindouiste, vaudou, musulman, Dogon, etc…. est-il vraiment une communauté sur terre, un individu qui n’ait pas besoin de reconnecter avec lui-même et avec ses valeurs, ses principes, une fois de temps à autre pour avancer sereinement dans la vie?

Et si la réponse à cette question devrait être oui, quelle serait donc la base réelle de tout ce qu’on a appelé par le passé et de nos jours « guerre de religions »? Pourquoi est-il possible que d’aucuns pensent, définissent leur manière de voir, d’approcher la vie comme la meilleure non seulement pour eux mais pour les autres. En effet, lorsqu’on y pense simplement, c’est cela que signifie « évangéliser ». C’est aller vers l’autre pour lui démontrer par A+B que notre voie spirituelle est la meilleure et qu’il doit y adhérer. Mais ne serait-il pas plus simple que l’être humain puisqu’il est censé dans toutes les religions ou presque avoir une âme (car qu’est-ce qu’on réincarnerait si ce n’est l’âme?), tolère le chemin que prenne l’âme de l’autre sans jugement?

Et de même si la réponse à cette question est « oui », cela signifie donc que nous serions tous frères avec des façons différentes de voir les choses mais avant tout frères car tous dépendant de ce retour en nous-mêmes pour être au meilleur? D’aucuns me diraient que cette vision est un peu minimaliste, car toutes les formes de religion, croyance, n’envisage pas l’existence d’un être suprême. Je pourrais dire « oui » et « non », car même pour ceux qui considèrent par exemple « le vent », « l’eau », etc comme une divinité, dans ma conception, c’est admettre que nous ne sommes pas maîtres de tout.

Cette semaine, et en lien avec le moment spécial de méditation qui dans ma pratique religieuse a démarré mercredi et va se poursuivre pendant quarante jours, je voulais partager avec vous. Je voulais partager l’importance de la spiritualité dans ma vie et ouvrir le débat sur sa nécessité pour les autres. Vous aurez certainement deviné où tend ma foi, mais je ne souhaite pas cristalliser le débat en l’exprimant de façon directe. Je n’en ai pas honte, mais comme je l’ai dis plus haut, évangéliser peut parfois s’apparenter à ne pas respecter la liberté de l’autre de penser différemment car sur Terre, et à mon humble avis, il n’y a en aucun cas une vérité.

Pour aller plus loin dans la conversation:

Spiritualité et développement personnel

Sept différences entre religion et spiritualité

Alors, pour conclure, spirituel ou pas? Besoin d’un guide dans vos vies ou pas? Méditation oui ou non? J’ai hâte de lire vos avis sur le sujet.

Sur ce, Excellente Semaine et à la Semaine prochaine. Envie d’un article sur un sujet particulier? N’hésitez pas à le proposer ici en commentaire,  sur Twitter avec le hashtag #annaécrit ou sur le compte Facebook. 

Love, Anna♦

 


Je suis une femme et j’en ai marre

« Etre une femme », en avoir marre. Au départ je voulais juste écrire sur « Etre femme » plus précisément « être femme » en Afrique et au Cameroun. J’avais rédigé une introduction digne d’un mémoire de fin d’études de doctorat.

Puis, je me suis rappelée de la réflexion lancée en début de semaine sur Twitter et à l’origine de ce billet.

Oui, je suis une femme et j’en ai marre d’être traitée comme de la viande, un jouet ou une poupée.  J’avais lu il y a un ou deux ans, un article qui avait fait le tour de la toile et qui décrivait ce sentiment que nous pouvions avoir nous femmes, cette sensation d’être « violée » en permanence, et le laisser-faire que la société nous avait habituées à adopter face à ces situations de notre quotidien de femme.

Oui, je suis une femme et désormais une maman et je ne voudrais pas que ma fille grandisse en pensant qu’il est normal de tolérer ces intrusions intempestives dans nos vies de femme et cette sensation implicite que nous ne sommes que dans les yeux de ces hommes qui nous désirent.

Pour que vous compreniez mon propos, je vais vous conter l’anecdote qui m’a inspirée ce texte, ou plutôt la série d’anecdotes. Tel soir où je rentrais, c’est ce conducteur de moto-taxi qui me tapote l’épaule en m’appelant « chérie ». Une sensation désagréable a envahi tout mon être, et une réponse a fusé « Tu es obligé de me toucher? ». Et lui de me répondre « Je te saluais seulement ». J’ai eu tôt fait de m’éloigner pour ne pas dire tout haut toutes les horreurs que je pensais tout bas.

Toujours au cours de cette semaine, ou plutôt comme quasiment tous les soirs, ce sont ces personnes appelées « chargeurs », en d’autres termes qui vous suggèrent le taxi dans lequel rentrer, s’occupe donc de son remplissage et reçoivent en retour du conducteur de taxi, une petite pièce. Ces « chargeurs » ont toujours des noms pour vous définir « ma chérie », « mami », « poupée ». Ces chargeurs se sentent dans l’obligation de marcher près de vous pendant quelques mètres et quasiment en vous collant, parfois en vous touchant le bras, pour vous arracher une destination ou vous inviter à rentrer dans le taxi qu’ils recommandent. Ces chargeurs sont prêts à vous insulter si vous ne souhaitez pas leur répondre ou si vous leur demandez tout simplement de ne pas vous importuner. Les insultes fusent pour un rien. Cette semaine, un jour précis, c’est ce jeune chargeur qui me parle et à qui je demande simplement si je suis obligée de monter dans le taxi de son choix, et lui de me demander pour qui je me prend. C’est cet autre chargeur, plus âgé que j’appelle  » le père » en signe de respect et dont je décline aussi l’invitation. Il me répond  » quel père? On t’a dit que le père qui te baise est mieux que moi…bordel comme ça », et le plus jeune de renchérir « Elle croit même qu’elle est qui? Regardez-là », et je ne sais quoi d’autre parce que j’ai accéléré le pas et cessé d’écouter. Mais au fond de moi-même, c’était ça:

Euh Pardon, Qu’est-ce qui n’a pas marché? Jusqu’à quand devrons-nous supporter ça?

Ce type de scènes, je ne compte pas le nombre de fois où je les ai vécues même quand je réponds aux invectives par le silence. Je ne parlerai même pas de tous ces hommes qui t’accostent dans la rue, et qui dès que tu te refuses à leur donner ton numéro, passent en mode insultes. Ces hommes qui pour beaucoup sont en voiture, ont des allures d’hommes d’affaires prospère, ou de père de famille tranquille. Si je ne l’avais vécu qu’au Cameroun, je dirais que c’est un problème de mentalités africaines. Mais même au cours de mes années étudiantes en France, j’ai été confrontée à ces bassesses.

Je n’oublierai jamais ce monsieur d’une soixantaine d’années, français de souche, en apparence, qui m’a traitée de pute, parce que j’avais refusé de répondre à ses sollicitations, sous prétexte que de toute façon, je portais une mini-jupe, donc je VOULAIS.

Je n’oublierai pas non plus cette scène d’anthologie devant cet homme blanc visiblement perturbé mentalement qui juste après un bonjour et une réponse polie de ma part, avait exhibé sa quéquette.

Mon inquiétude est cette phrase que nous sortons régulièrement entre amies, lorsque nous faisons face à ce type de situations  » Aka, ne fais pas attention ». Oui, nous ne devons pas faire attention, oui nous devons trouver que c’est normal ou à minima pas si grave que ça.

Au Cameroun, comme dans de nombreux pays, des femmes font face à des invectives sans mot dire. Quand ce ne sont pas les invectives, ce sont ces regards concupiscents, qui dépassent le cadre de la séduction, de l’appréciation ou du désir, qui vous pénètrent sans que vous ayez donné pour cela une quelconque autorisation.

Bientôt, nous célébrerons le 8 Mars, et au fil des thèmes, j’ai le sentiment que le débat se déplace de la vraie réalité de la condition féminine. On nous parle de plus en plus d’égalité, on centralise sur ces revenus qui ne sont pas les mêmes, sur ces accès au travail, à l’éducation qui sont différents, inégaux. C’est sans aucun doute une difficulté, mais pourquoi s’attaquer aux conséquences et nier les causes ou origines. Pourquoi nier cette vision si dénaturée de la femme, censée être mère (ventre porteur), vagin, corps en somme symbole de désir, de satisfaction pour un seul genre, le genre masculin. Pour justifier cela, je devrais, je pourrais vous parler de ces publicités (notamment les publicités de parfums) où le désir, le corps de la femme est suggéré, montré mais toujours utilisé pour vendre. Mais ça pourrait être un sujet entier pour un nouvel article. Je pourrais aussi parler de ces femmes qui ont décidé de mettre leur corps au service de leurs ambitions, de leur volonté de réussir, mais ça aussi, ce pourrait et ce devrait être un autre article absolument.

Oui, je suis femme et j’en ai marre d’être en apparence célébrée mais dans la pratique d’être si peu respectée et de façon si systématique. Au-delà des plaintes, au-delà de la colère (significativement contenue dans ce billet, cependant), voilà ce qui pourrait se faire différemment:

  • L’éducation familiale: Il incombe aux femmes mères d’inculquer à leurs fils, un respect absolu et total pour la femme, et aux filles une confiance en elle, et une reconnaissance de leur condition d’être humain comme les autres, qui a droit au respect absolu
  • L’éducation civique: les insultes verbales contre hommes ou femmes mais surtout contre les femmes, devraient être pénalisées tout comme le sont les insultes à caractère racistes dans de nombreux pays du monde. De même, dans les cours d’éducation civique, notamment chez moi au Cameroun, il devrait y avoir des cours sur le respect de l’autre et notamment sur le respect de la femme.

Ecrire ces lignes me rend si triste, et pire encore me donne un certain goût d’inachevé mais je vais cependant m’arrêter là. La femme est un être humain à part entière méritant respect et amour. La femme est la mère de l’humanité, et chacun devrait pouvoir se demander, lorsque j’insulte une femme, pourrais-je insulter ainsi ma mère, ma sœur, ou ma femme?

Qu’en pensez-vous? En tant que femme, vous retrouvez-vous dans ces mots? En tant qu’homme quel est votre ressenti de ces situations? Continuons le débat en commentaires, ici, sur Twitter ou sur Facebook.

Love, Anna♦


Tribalisme, un mot si Camerounais…

Tribalisme et fabrique invisible de préjugés, ou la belle histoire du pays aux 200 ethnies, mon beau Cameroun.

Lorsque j’étais enfant, ma mère fit la découverte d’une école primaire d’un nouveau genre. Il s’agissait d’une école primaire totalement bilingue. On y était formé en anglais (toutes les matières) et en français (toutes les matières ). Je fis mon entrée au cours préparatoire spécial en tant qu’une des élèves de la première promotion de « Horizon Bilingual School ». Dans ma classe, nous étions à peine 16, un mix coloré de la plupart des ethnies du Cameroun.

Ce groupe n’a pas beaucoup bougé jusqu’à la fin des études primaires et plus de vingt après, nous avons pour la plupart gardés de bons rapports. Dans nos échanges de tous les jours pendant ces six années, les références à nos tribus respectives émergeaient parfois, sous forme de blagues, qui pouvaient parfois provoquer des grincements de dents, mais jamais ne réussissaient à altérer l’esprit de famille. Oui, une famille, voilà ce que nous étions devenus, un esprit de corps, au sein duquel chacun des membres avait sa place.

Si j’avance la bobine, je me retrouve une dizaine d’années auparavant en France mais aussi en Espagne, deux pays où les préjugés régionaux sont très marqués. Ils le sont d’autant plus qu’ils sont parfois sous-tendus par des faits historiques. On citera ainsi les Bretons têtus et résistants (descendants des audacieux Vikings), les Chtis et leur accent si particulier, les Corses belliqueux et toujours sécessionnistes, tout comme en Espagne, leurs amis Basques. l’Espagne c’est aussi les Catalans, si teigneux qu’ils sont devenus un état dans l’État. Toutefois, toutes ces peuplades, malgré leurs patois étranges, les petites guerres verbales qu’elles peuvent se faire, toutes ont en commun un amour profond pour leurs patries respectives (France et Espagne), et leur adhésion respective à leur unicité.

En somme, ce sont des pays où les préjugés entre « ethnies » sont admis, source de blagues douteuses, sont accompagnés de particularismes régionaux notables mais qui n’altèrent en rien la notion d’Etat-nation.

Une fois rentrée au Cameroun, j’ai gardé cette vision des multiples ethnies, particularismes régionaux qui font la beauté de notre patrimoine culturel, blagues et perceptions qui peuvent avoir des fondements réels mais ne devraient pas guider le fonctionnement des uns et des autres.

Malheureusement, ma vision n’est qu’utopie.

En effet au Cameroun aujourd’hui, la tribu apparaît comme un refuge sécuritaire pour fermer les yeux devant l’échec du vivre ensemble. Le patriotisme censé être notre ciment, devient un vain mot, juste bon à animer les foules pendant les meetings politiques des uns et des autres. Au final c’est chacun pour sa pomme ou plutôt son « ngombo » comme on dirait chez moi.

La tribu est devenu ce fourre-tout dans lequel on met ses frustrations, sa colère devant l’État de malade incurable du pays, faisant des uns les bourreaux apparents des autres. Se marier dans la même tribu ou investir entre frères du village, c’est un moyen pour se protéger, éviter les déconvenues. Ainsi, même au plus haut sommet de l’État, c’est la culture du clan qui prévaut.

La tribu est devenu ce fourre-tout dans lequel on met ses frustrations, sa colère

Toutefois, tout le monde aime se plaindre de ce soi-disant mal que serait le tribalisme, tout le monde serait victime de préjugés des autres, et ce serait ces préjugés qui pour d’autres pourraient être des obstacles à la paix dans notre pays ( la crise « anglophone » deviendra pour certains un cas d’école pour justifier leurs réflexes de méfiance).

Mais en vérité, en vérité, je vous le dis « tribalisme » n’est qu’un concept vague, qui déplace nos débats en tant que citoyens. Ex: Les Bamiléké sont soi-disant tous commerçants et riches et auraient des enfants très intelligents qui prennent ainsi toutes les places dans les écoles de qualité, se donnant ainsi plus de chance que les autres, d’avoir un bon boulot et une belle vie. A ceci, je répondrai, qu’en est-il de la nécessité pour le gouvernement d’assurer notamment la qualité de formation scolaire, à tout citoyen, comment évite t-il que les plus démunis soient sans capacité de faire de bonnes écoles?

A bien y regarder l’ethnie n’est pas le problème et l’Etat a bien fait d’être le premier chantre du tribalisme, afin de détourner les citoyens de ses manques. Trop de fois, en effet, comme dans l’exemple donné ci-dessus, nous sommes portés à croire que c’est la tribu d’un tel ou d’un tel autre qui est le problème. Le gouvernement en mettant en oeuvre inlassablement sa politique d’équilibre régional est bien le fait coupable qui cristallise cette soi-disant main-mise du tribalisme sur notre vie. Cette politique est d’autant plus malsaine qu’en réalité, elle demeure centrée sur la promotion et la visibilité des grands groupements ethniques. La preuve, avez-vous déjà un pygmée à un poste de responsabilité dans une administration publique au Cameroun? Les pygmées sont pourtant une ethnie de ce pays.

Tribalisme ne devrait donc pas avoir sa place au Cameroun. Tribalisme ne devrait pas être ce mot à la mode que chacun utilise à tort et à travers. Tribalisme c’est un concept destiné à nous éloigner les uns et les autres. Tribalisme est un mot qui cherche à gommer les différences culturelles, de point de vue, de tradition, normales car communes à tous les peuples du monde où des groupes humains différents cohabitent. Tribalisme et le combat contre lui, sont les ennemis du patriotisme. En effet, plutôt que de célébrer tout simplement et bâtir nos valeurs nationales, on voudrait empêcher les uns et les autres de célébrer leurs particularismes. Plutôt que d’intégrer les particularismes comme des caractéristiques belles et fortes, de la diversité qui caractérise « L’Afrique en Miniature », nous donnons le sentiment aux uns et aux autres qu’ils devraient devenir lisses ou au contraire, s’enfoncer encore plus dans un « tout pour nous, rien pour les autres ».

Ce billet m’a été inspiré par l’initiative de jeunes Camerounais, organisés autour du collectif D.C.Y The Blog et notamment l’article de mon confrère blogueur Fotso Fonkam (plus connu sous le nom Le Petit Ecolier), dans le cadre du dossier sur les préjugés.

Chers invités, je ne saurais écrire sur ce sujet d’importance, sans recueillir vos avis et points de vue. A vos claviers.

Love,Anna♦


Elle A Lu: Les Brillants

Les Brillants de Marcus Sakey, est bien plus qu’un polar, bien plus que le premier tome d’une saga en trois parties (hâte de lire les deux prochains tomes).

Les Brillants, nous parle  d’un certain monde, tel que nous le connaissons mais nous le nions. C’est l’histoire de Nick Cooper, un « Brillant » qui devra à l’aube d’une certaine guerre, faire des choix , se ré-découvrir et définir pleinement ses priorités.

Ecrit et porté comme un scénario de film, « Les Brillants » décrit une certaine Amérique qui comporte différentes entités. Les Brillants, sont un groupe de personnes, en minorité, qui détiennent des talents particuliers. Ils ont une intelligence bien au-dessus de la normale et maîtrisent un don. Selon leur niveau de maîtrise (Niveau 1 étant le plus élevé), ils ont une place atypique dans le monde. Ils sont ainsi différents, potentiellement plus puissants que les humains normaux et leur différence pose problème aux normaux.

Nick Cooper, est donc un brillant, faisant partie d’une certaine unité secrète, composée de normaux et de brillants, et en charge de contrôler les agissements des anormaux dangereux. Cette unité est notamment chargée de la traque d’un anormal, activiste et terroriste John Smith.

Marcus Sakey démontre combien les convictions sont choses « manipulables ». Il démontre combien, on peut nous faire croire tout et surtout il démontre à quel point la différence fait peur à l’être humain. Avec « Les Brillants », il signe non seulement un superbe roman, un excellent polar mais aussi une peinture noire du monde qui est le nôtre. Si on remplace « Les Brillants » par musulmans, noirs ou juifs, on comprend mieux la facilité avec laquelle l’être humain  affuble son sembable de tous maux et lui dessine des cornes sur la tête. Pire, dans la majorité des cas, ces cornes  n’existent au final que dans sa tête.

J’ai aussi beaucoup apprécié le don que l’auteur, Marcus Sakey, a choisi d’attribuer au personnage principal  Nick Cooper. En effet, Nick est un brillant de niveau 1, qui est à même de lire et d’anticiper les intentions de ses semblables. Il comprend les schémas que les uns et les autres bâtissent dans leur tête avant d’émettre une idée, et ceci en observant leurs gestes, mimiques, etc. Ce don, lui permet d’analyser le monde, de comprendre son semblable, et de nous mener tout au long du bouquin dans le cerveau de ses adversaires, ou amis. Il nous présente ainsi le vaste spectre de pensées, motivations, besoins qui peuvent habiter l’homme et qui seuls régissent ses actions, bien plus que les présomptions d’engagement, de volonté de changer le monde, etc.

Marcus Sakey signe donc avec le premier tome de sa saga « Les Brillants », une superbe satire de ce monde sans dessus dessous, et je n’ai qu’une hâte, lire le prochain épisode de la saga, et encore mieux, la voir adaptée au cinéma avec George Clooney dans le rôle de « Nick Cooper » et à la réalisation.

Qu’en dites-vous? Envie de lire la saga? Vous la connaissiez déjà ? D’autres livres à recommander dans ce style? A vos claviers chers amis

Love, Anna♦


Ce Monde d’Ici et D’ailleurs

D’ici et d’ailleurs

Par-ci, par là.

Né aujourd’hui, hier, prêts à naître demain

Nous observons le monde aller à vau-l’eau

Nous observons le monde se casser un peu plus chaque jour.

Nous devrions stopper le monde, mais en avons-nous la force?

Nous devrions stopper le monde, mais en avons-nous le courage?

Nous devrions stopper les meurtres, mais que pouvons-nous?

Nous devrions stopper la haine, mais qu’en disons-nous?

L’homme est un loup pour l’homme, c’est vieux comme le monde.

L’homme est un prédateur pour lui-même et les autres, c’est évident.

Mais tout de même, quand même, quand cesserons-nous?

Mais tout de même, quand même, il faudrait s’arrêter un jour?

Mais tout de même , quand même aurons-nous un nouvel Obama?

Quand est-il possible d’être inspiré?

Quand est-il possible de rêver un monde meilleur?

Tu vois Sarko revenir, et tu te dis MERDE. Le monde est fou.

Tu vois Trump en finale, et tu te dis STOP. Le monde s’en va.

Tu vois NKUNKUMA au stade, et tu te dis HALTE. Le monde est mort.

Oui, la politique n’est pas faite pour le monde.

Oui, la démocratie est une enveloppe vide dans le monde.

Oui, la politique est fallacieuse dans ce monde.

Oui, nous devrions avoir peur ou non, nous devrions recréer le monde.

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Qu’en dites-vous?

Love, Anna♦


Burn out, chut, on n’en parle pas…

En 1969, pour la première fois est évoqué le mot « Burn Out » ou encore syndrome d’épuisement professionnel.

Auparavant, identifié au sein de certaines fonctions à risques, de par la part d’implication émotionnelle qu’elles comportaient (travailleurs sociaux, enseignants, professions médicales), aujourd’hui le burn out  est admis comme un risque lié au travail tout simplement.

L’Organisation Mondiale de La Santé (OMS) le décrit comme  » un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail ».

J’aime beaucoup les derniers mots « résultats concrets au travail » car en général, ils sont la face visible de l’Iceberg, mais la plupart du temps, personne (et encore moins l’intéressé) ne voit ce qui se cache derrière.

Je vous ai parfois parlé ici de mon départ, il y a un an d’une belle FMCG, de mon envie de me mettre à mon compte et du vrai et ambitieux challenge que je me suis ainsi lancée. J’ai lu les nombreux commentaires des uns et des autres que ce soit ici ou via mes autres plateformes sociales. J’ai remercié pour tous ces encouragements et parfois j’ai saigné. Oui, saigné car pour en arriver là, il aura fallu un déclic. Ce déclic comme on pourrait s’y attendre, ne s’est pas fait dans la joie. Il ne s’est pas fait en un jour. Il est apparu comme la seule solution pour faire face à l’adversité.

En Mai 2014, je change de poste, suite à une restructuration importante au sein de l’entreprise et plus particulièrement au sein du département marketing, le mien. Je ne suis pas très convaincue par ce changement, mais étant donné le contexte (et malgré mes bonnes performances), je m’estime heureuse, chanceuse même. Oui, je suis encore dans le train alors pourquoi me plaindre? J’accepte donc de nouvelles responsabilités avec un poste qui ne me convainc pas mais en me disant que je saurai comme toujours, y faire. Quelques mois après, les problèmes commencent. Ma fin d’année 2014 et mon année 2015 seront ponctuées par une certaine non-performance, malgré de nombreux efforts consentis, une fatigue quasi permanente et des maladies neurologiques de plus en plus fréquentes (sciatiques, vertiges) avec comme corollaires des congés maladies à répétition d’un minimum de deux semaines à chaque fois. Tout ceci intervient dans un contexte personnel assez difficile, qui ne permet pas de me ressourcer, de trouver hors du travail d’autres sources d’apaisement. Comment dire, le travail était la source d’apaisement, et lentement je commence à avoir le sentiment que tout s’écroule.

Plus profondément, je ne me sens plus en accord avec mon travail, avec mes ambitions originelles et avec mes valeurs. Je vends un produit que j’ai toujours trouvé nocif, ayant vécu dans mon entourage proche, les conséquences de son abus. Bien que la société en elle-même soit un univers unique et de haut vol d’apprentissage, cela ne suffit plus à compenser l’inadéquation avec mes valeurs morales. Je le voyais venir, mais j’avais l’impression que ce n’était pas grave. Déjà en Octobre 2013, j’avais lancé un blog « La Bibliothèque Qui Ne Brûle Pas« , pour me rapprocher du sens que je souhaitais donner à ma vie. Je m’y étais jetée la première année à corps perdu, écrivant 5 articles par semaine, dormant en moyenne à 2h du matin, et à ce moment-là, étant encore comblée par mes objectifs professionnels. Cela m’avait permis de trouver un juste milieu mais à quel prix?

Ainsi, dès Mai 2014, cette nomination que je n’avais pas accepté, avait sonné le glas de ma réflexion personnelle sur mon avenir. Mais comment préparer cet avenir? Comment se concentrer quand on doit quand même atteindre la performance? Comment se démultiplier quand on n’a plus aucune force physique? Comment voir l’avenir lorsqu’on arrive à peine à voir le bout de la journée? J’étais en train de devenir une lavette, en apparence très motivée mais de plus en plus inconstante, souvent en retard dans son rendu, de plus en plus irritable, irascible même et comme je l’ai dit plus haut très souvent malade.

En Juillet 2015, une douleur consistante à la poitrine m’alerte. Je suis en plein séminaire professionnel, j’ai heureusement fait ma présentation la veille, et je n’arrive plus à respirer. Toutes les 30 secondes, la douleur me saisit, coupe ma respiration, j’ai l’impression d’étouffer. Je sors de la salle de réunion et je me rapproche du médecin du travail présent. Il cache son inquiétude par des blagues et appelle un cardiologue et me prends RDV pour le lendemain. Je passerai l’une des nuits les plus angoissantes de ma vie. Le cardiologue me parlera le lendemain de « péricardite » en d’autres termes inflammation du péricarde, membrane entourant le cœur. Elle est généralement identifiée comme une des complications rares de la grippe, rendue facile par « le stress », « la fatigue ».  Après deux semaines d’arrêt, je reprends péniblement le travail à l’étonnement du médecin du travail qui m’avoue que cette maladie nécessite généralement un minimum d’un mois d’arrêt pour éviter toute rechute. Je ferai plusieurs examens cardiologiques, dont ma première radio du cœur. Ce sera mon déclic.

Pensez-vous, trop souvent on entend parler de ces jeunes morts d’AVC, sans jamais avoir montré des signes de problèmes cardiaques. Ce sera le déclic pour une vraie réflexion sur moi, sur mes besoins, mes envies, mes ambitions, mais surtout sur la nécessité d’une aide professionnelle. Cette aide permettra d’établir le diagnostic de Burn-Out, et la nécessité de changer d’environnement professionnel, voire même de carrière.

Quelques mois après, suivra ma décision de partir, de changer de vie, de repenser mes priorités professionnelles. Près d’un an après le diagnostic, je ne suis pas certaine d’être complètement remise. Toutefois, je vois/sens les grandes améliorations. J’ai repris le goût du travail, je fais des choses différentes tous les jours mais qui m’épanouissent, me donnent le sentiment d’apprendre et surtout de ne pas avoir de pression.

Le Burn Out au Cameroun, tout comme la dépression ou tous les maux qui touchent l’âme, restent et demeurent des tabous. On en parle, on ne l’accepte que difficilement et la prise en charge est un parcours du combattant. Le nombre de psychologues reconnus au Cameroun reste limité, et encore plus limitée la part qui est en mesure de faire un diagnostic de burn out. Les entreprises ont du mal à comprendre/accepter cette pathologie et de ce fait accompagner les personnes en souffrance. Au contraire, on s’attarde sur la non-performance, on accable parfois un peu plus le malade d’autant que généralement, il n’est lui-même pas conscient de sa souffrance, et se culpabilise pour son incapacité à délivrer.

De ce que j’ai pu comprendre/lire, il y a des personnes plus susceptibles de chuter. Je citerai notamment les gens passionnés par leur travail, et toujours désireux d’atteindre l’excellence. Eh oui, plus on veut bien faire, plus on a tendance à se donner plus que de raison, jusqu’à épuisement. Les personnes qui évitent de prendre leurs congés de manière régulière sont aussi à risque. Les profils sont nombreux et je crois qu’au final personne n’est à l’abri.

Ce billet vise réellement à ce qu’on se rende compte que

  1. Le mal existe
  2. Il faut qu’on en parle plus, qu’on reconnaisse aux personnes le droit de souffrance
  3. Ce n’est pas une fatalité, ça arrive, ça passe et un jour on avance mais pour cela il faut avoir la chance d’être suivi à temps

J’espère vous avoir aidé/inspiré/édifié. Je ne remercierai jamais assez ma famille, mes amis proches pour avoir été là. Car ça aussi c’est très important.

Un avis,un témoignage, je vous attends avec impatience dans la section « Commentaires ».

Love, Anna♦


Eseka: Le drame, Le deuil, le Déclic…

Le drame, le deuil, le déclic!

Mon cerveau voudrait pouvoir vous parler d’autre chose, avancer, penser différemment mais je dois avouer que c’est assez compliqué ces derniers jours.

Le drame, le deuil, le déclic!

Ces derniers jours ont éprouvé ma capacité à faire face à la difficulté sous toutes ses formes. Avant le drame, comme si mon corps l’avait senti, toute la semaine j’étais malade.

Le drame, le deuil, le déclic!

Vendredi, coup de tonnerre, colère, indignation, peur, tout ça en même temps je l’ai ressenti. Samedi, cette peur qui monte, « aurais-je perdu quelqu’un, qu’est-ce que ce weekend me réserve encore comme mauvaise surprise? »

Le drame, le deuil, le déclic.

Dimanche, ces annonces tristes, violentes, douloureuses. Eseka a frappé, mais la vie aussi tout simplement, la mort tout simplement car aussi inconcevable que cela puisse paraître, on peut mourir d’autre chose qu’Eseka, ce fameux weekend du Vendredi noir. La femme de cette ami, disparu si vite, si tôt, sans crier gare,  cette autre gamine de 16 ans fauchée un Dimanche après midi dans un accident de moto. Oui, Eseka n’était pas et ne sera pas le seul instrument de la faucheuse. Oui, la vie continuait avec ses joies mais surtout ses peines et il faudrait continuer de faire face.

Le drame, le deuil, le déclic.

Le deuil invariablement, car l’être humain est foncièrement, naturellement égoïste, le deuil nous renvoie souvent à nous-mêmes. Lors d’un deuil, à un moment donné, on pense toujours ça aurait pu être moi ou lorsqu’il s’agit de quelqu’un pour qui on aurait pu donner sa vie, on songe, « pourquoi ce n’est pas moi ». Le deuil est ce mauvais ange, cette fée cynique qui nous apprend que nous ne choisissons pas grand chose sur cette Terre. Nous contrôlons déjà si peu de choses dans nos républiques bananières, mais pire encore, au final nous ne contrôlons rien, car au final personne ne connait ni le jour ni l’heure.

Le deuil s’inscrit donc comme une épreuve qui se vit véritablement seule car même en se réunissant en communauté, même en se soutenant, l’expérience réelle qui est faite de la douleur, la capacité pour deux personnes confrontées exactement au même type de deuil (circonstances égales ou semblables), n’auront en aucun cas la même réaction. De même, on ne pourra pas parier sur la réaction pour justifier de leur attachement, douleurs, etc…En effet, face au deuil, chacun sa carapace, chacun sa mise. Le deuil est finalement ce cruel rappel que nous passerons tous par là un jour, que nous le voulions ou pas.

Le drame, le deuil, le déclic.

Alors, si le deuil est inéluctable, si un jour aussi d’autres devront porter notre deuil, si en somme la mort est inéluctable, comment vivons-nous la vie? Que faisons-nous de notre temps sur terre?

En République bananière telle que la nôtre, la question se pose d’autant plus grandement que sa portée salvatrice est réelle. Que suis-je en mesure de faire MAINTENANT pour assurer/garder ma place au paradis? Ou plus simplement, sans faux semblant,que suis-je en mesure de faire maintenant pour ne plus jamais vivre l’angoisse, la douleur, le mal-être qui naît d’avoir perdu un proche dans des circonstances telles que celles du 21 Octobre 2016 à Eseka? Que suis-je en mesure de faire maintenant/aujourd’hui pour redonner le sourire autour de nous, mais surtout que suis-je en mesure de faire/maintenant/aujourd’hui pour empêcher que cela se reproduise?

Le drame, le deuil, le déclic.

Le déclic c’est cette conversation sur Whatsapp (oui, encore moi) dans un groupe d’illuminés (positifs, illuminés car habités par le feu du changement).Le déclic c’est cette sensation de paix après ma modique participation donnée ce jour dans le cadre d’un plus grand don fait par l’association à laquelle j’appartiens pour assister les rescapés d’Eseka internés à l’hôpital Laquintinie de Douala

Le déclic c’est cette envie d’agir, qui est désormais assise en moi et ne me  quitteras plus. Comment vais-je la rendre utile et progressiste, comment vais-je participer à un vrai changement des choses dans mon pays le Cameroun, le temps nous le dira. Cependant, le temps il devient de plus en plus court. Oui, court car on ne sait ni le moment ni l’heure. Court, car 2018 sera un tournant. En 2018, auront lieu les prochaines élections présidentielles au Cameroun. Ce ne sera peut-être pas le temps d’un changement de régime, mais ce doit être au minimum le temps du déclic pour ce régime. Ce doit être une des nombreuses batailles à gagner de la grande guerre que nous menons pour voir notre pays évoluer définitivement.

Le drame, le deuil, le déclic

Le drame ne sera peut-être pas le dernier. A l’état actuel des choses, le pays est encore dans une impasse trop large, pour que de nouveaux drames ne soient pas évités. Il en va de notre capacité à commencer dès aujourd’hui à faire les choses différemment. Il en va de notre capacité à prendre nos responsabilités mais aussi à exiger des autres qui la prennent.

Au final, la douleur de ces derniers jours, devrait avant tout nous servir de déclic. Nous ne pouvons continuer à pleurer nos morts en silence, sans nous demander de façon pratique quand est-ce que ça s’arrêtera.

Le drame, le deuil, le déclic.

Un triptyque qui à mon sens résume totalement ces derniers jours. Le dernier mot du triptyque est cependant plus personnel, une invite individuelle à repenser notre action, notre place dans la société, notre vision de notre avenir, de notre futur, de la terre que nous souhaitons léguer à nos enfants. Une invite à exiger, exiger plus du haut, exiger d’être traités comme des êtres humains. Une invite à penser notre action. Oui, j’ai déjà dû exprimer cette phrase au moins-ce de trois manières différentes dans ce seul et même billet. Vous en comprendrez donc l’importance pour moi.

Le drame, le deuil, le déclic.

Il ne s’agit pas d’une leçon, il ne s’agit pas d’un essai philosophique. C’est tout simplement l’état de la vie, du réel, de nos vies, à l’heure actuelle.

A bientôt, pour des sujets je l’espère moins sérieux (peut-être pas au final) ou au minimum moins triste, et comme toujours n’hésitez pas à rejoindre la conversation en commentaires.

#Eseka #Cameroun #Devoirdemémoire

Love, Anna♦