Qu’est-ce qu’être citoyen?

Article : Qu’est-ce qu’être citoyen?
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17 octobre 2016

Qu’est-ce qu’être citoyen?

Qu’est-ce qu’être citoyen? Qu’est-ce qu’être heureux de son pays? Qu’est-ce qu’être patriote?

Ces questions, je me les pose souvent, mais ce matin, un débat dans un groupe Whatsapp, a réaffirmé mon besoin de répondre ne serait-ce que pour moi-même à ces questions. Cela pourrait/devrait faire l’objet de tout un dossier, être le fruit de recherches complètes à l’image de ma pro en matière de citoyenneté, j’ai nommé la Miss Befoune.

Toutefois, cela ne le sera pas pour le moment. Il est vrai qu’en matière de débat, les sources sont préférables, et lorsqu’il s’agit de citoyen, ou encore tout simplement de citoyenneté, nos langues peuvent vite dire tout et n’importe quoi. Toutefois, je vais m’appesantir sur quelques fruits de mes discussions de groupe ce matin.

En somme, je constatais avec grande amertume, il faut le dire, que la citoyenneté semblait tout simplement avoir foutu le camp dans mon pays le Cameroun, mais aussi dans beaucoup d’autres pays aux mêmes symptômes (quoique je ne sais pas finalement…). Ainsi, commençons par le commencement.

 

I. Qu’est-ce que la citoyenneté? 

La citoyenneté à mon sens se décrirait pour moi, comme cette capacité, à voir sa vie dans l’œil de l’autre, à se définir non pas comme une entité unique, mais toujours comme membre d’une communauté, communauté à qui l’on doit un certain respect (les devoirs du citoyen) mais qui en retour, nous fait bénéficier d’un certain nombre de droits (les droits du citoyen). Au vu de cette analyse, la citoyenneté doit être vue comme le ciment/ le cœur du « vivre ensemble », la pièce maîtresse de l’édifice « Nation ».

La recherche Google sur le mot « citoyen » m’a permis de tomber sur ce site, vraisemblablement celui d’une association, d’une organisation qui souhaite se positionner comme différente, comme une voix dissonante dans le contexte de la mondialisation (a priori rien à voir avec mon texte mais…). Ainsi, pour ces personnes, être citoyen c’est déjà passer à l’action. Par ailleurs, ils définissent le citoyen au travers de cette belle citation:

« Le citoyen, c’est celui qui participe de son plein gré à la vie de la cité. Il partage avec ses concitoyens le pouvoir de faire la loi. le pouvoir d’élire et, le cas échéant, d’être élu. Si tu fais la loi, il est normal que tu lui obéisses. Ça s’appelle le civisme. Et si tout le monde s’arrangeait pour ne plus payer d’impôts, il n’y aurait plus de gendarmes, ni de lycées, ni d’hôpitaux, ni d’éboueurs, ni d’éclairage public, parce qu’il faut de l’argent à l’État ou à la ville pour entretenir tous ces services. »
Régis Debray – La République expliquée à ma fille, 1998

Voyez-vous, je n’aurais pas pu mieux considérer les choses, car cela fait une bonne transition avec mon retour dans l’environnement Camerounais. Le citoyen est conscient de sa responsabilité envers tout le monde. Qu’en est-il de ce sentiment, lorsque la partie censée donner l’exemple fait faillite?

II. Qu’est-ce que la citoyenneté lorsque l’état fait faillite? 

Il ne faut pas se mentir. Dans mon cher et tendre Cameroun, beaucoup de choses essaient de fonctionner, beaucoup d’avancées essaient de se mettre en place, mais il est une réalité sombre et froide: l’état a fait faillite. Oui, lorsqu’un état ne protège plus ses habitants (la guerre au Nord Cameroun), lorsqu’un état n’assure pas la santé de ses citoyens (les différents drames dans les hôpitaux publics), lorsqu’un état n’est plus capable de protéger efficacement la ressource publique (cette corruption dite légion), lorsque l’état a souvent l’air dépassé par tout et en éternelle passe de rafistolage, quand toutes ces conditions sont réunies, et bien d’autres encore, n’est-il pas normal de songer que l’état a fait faillite?

Or l’Etat est le garant de la citoyenneté. Que ce soit au travers de l’école et de son contenu éducatif, que ce soit au travers des sanctions envers les personnes contrevenant à la loi, que ce soit autour du sentiment que l’honnêteté et le sens du devoir peuvent être récompensés ou non, oui l’Etat est l’éternel garant de la citoyenneté. Il est censé être le modèle d’inspiration qui pousse chaque citoyen à se surpasser.

Mais comme je l’ai dit plus haut, notre Etat a fait faillite. Est-ce donc à dire que nous devons faire fi de notre citoyenneté et laisser le bateau couler chaque jour un peu plus, jusqu’à ce que nous coulions avec lui?  Quel est donc à ce moment, la place et/ou le rôle du citoyen?

III. De na nécessité de revoir nos mentalités, à la quête d’un espoir citoyen

Le citoyen serait désormais un homme, une femme perdue, comme vous ou moi, entouré d’autres personnes qui vont cahin caha, comme elles peuvent et pour qui, le mot « sens civique » ne fait pas très bon ménage avec la survie.

Car oui, nous en sommes essentiellement arrivés là. La survie est un besoin de grande taille dans notre société. On veut y arriver, on veut se dépasser, on veut se donner au maximum, mais surtout lorsqu’on réussit, on ne veut rien devoir à personne, et surtout pas à l’Etat.

Au Cameroun, on n’est plus citoyen, on se bat. Au Cameroun, l’espoir citoyen existe mais peine à être réinjecté dans l’ensemble de la population. En général, ceux qui peuvent se payer le luxe de cet espoir, sont des personnes au niveau de vie supérieur à la normale du pays. Le Camerounais de base, lui n’a plus beaucoup de choix. Qu’il soit fonctionnaire, bendskin, sauveteur, ou employé de bureau dans une PME, il souffre trop pour s’offrir le luxe de penser à l’autre. Il voit trop peu clair quant à l’avancée de chacun de ses jours pour se permettre l’honneur d’imaginer ce que l’autre vit à sa place, ou lorsqu’il pose un acte non-citoyen.

C’est ainsi que la disparition de l’espoir citoyen a pour conséquence: des impôts peu ou prou déclarés, des fausses factures à l’importation pour réduire le niveau de douanes à payer, quand ce n’est pas carrément un ravitaillement de tout le système pour sortir une marchandise sans un franc. La disparition de l’espoir citoyen va de pair avec cette corruption qui pourrit les hauts-lieux. Ces ministres qui nourrissent de nombreuses pouliches. Ces ministres, grands directeurs de société parapubliques qui ont des avantages de services qui s’étirent en longueur, des chantiers dans tous le Cameroun, et des biens sur toute la surface de la terre. Comment expliquer à la personne au bas de l’échelle la nécessité, sa nécessité de changer.

Toutefois, l’espoir demeure, au sein de la jeunesse, cette certaine jeunesse qui envers et contre tout se pose les bonnes questions. Cette jeunesse qui est pleinement consciente que nous allons lentement mais sûrement vers un gouffre insondable dont il peut nous être extrêmement difficile de sortir, si nous ne faisons pas fi des difficultés. Il s’agit ici de l’espoir citoyen.

IV.  A la quête de l’espoir citoyen dans chacun de nos cœurs. 

Je vous l’ai dit plus haut, nous n’avons pas le choix, il nous faut nous remettre en question, il nous faut changer. Il nous faudra être ce peuple qui signera une certaine innovation, en cela qu’il aura poussé le haut à se remettre en question. On me traite d’optimiste lorsque je m’exprime de la sorte, mais j’ai dans l’idée que ça arrive silencieusement, dans plusieurs autres pays d’Afrique. Les changements ne sont pas massifs, complets (Sénégal, Bénin, Ouganda, etc.) mais ils sont là.

Je veux continue à croire que le destin de tout individu lui appartient et c’est en ça que l’espoir citoyen est notre chance. Oui, c’est une chance de croire véritablement que notre destin est entre nos mains, pour ceux d’entre nous qui avons encore une visibilité dessus et d’être nous au milieu pour donner l’exemple à ceux du bas et du haut. Cela fera peut-être de nous une génération sacrifiée. Cela nous demandera sûrement de nous détacher de l’argent, de la recherche sempiternelle du profit maximal, de l’envie sans cesse grande d’être milliardaire, millionnaire, cela nous fera certainement paraître ridicule, mais quelque chose me dit que nous n’aurons pas le choix.

Au final, je ne sais pas si ce courage viendra de notre génération ou des prochaines, mais il faudra bien à un moment donné que la classe moyenne émergente,  éduquée, fasse son choix, et privilégie l’espoir citoyen.

Ceci n’est qu’un début de réflexion, une invite à la remise en question. Il s’agit du Cameroun, mais il s’agit certainement de nombreux autres pays d’Afrique et du monde. Nous n’avons pas tous les mêmes problèmes mais la citoyenneté et son exercice, deviennent sans aucun doute, un thème récurrent. Il en va de la réflexion sur notre développement à long terme, sur un autre type de développement?

Bon début de semaine, au plaisir de lire vos retours. Voilà donc mon pavé dans la mare! Dans l’attente de vos retours

Love, Anna♦

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