Anne Christelle

Donald Trump ou le racisme sans scrupules

Le 21 mars célèbre chaque année la « Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale ».
RACISME, définition : » idéologie qui, partant du postulat de l’existence de races humaines, considère que certaines races sont intrinsèquement supérieures à d’autres. »

A dire vrai, avant cette année 2016, je ne connaissais pas cette date. Je ne connaissais pas cette date et j’ai aucun souvenir d’une action phare qui  ait rappelé cette journée internationale à mon bon souvenir. C’est à croire que cette journée est peu célébrée et donc peu connue…  Je suis installée au Cameroun depuis  plus de sept ans, un pays peuplé de noirs, et comme il paraît que les noirs ne sont pas racistes, il n’y avait sans doute pas de raisons que j’observe une manifestation particulière ce jour là . Comme on dit parfois de certaines choses chez nous au Cameroun : « ça ce sont des problèmes de blancs » (et on n’est toujours pas racistes, je vous le dis !).

Cette année, j’ai donc appris qu’il existait une journée pour dire NON au racisme. Quand on observe tout ce qu’il se passe dans le monde, y’a du boulot… Il suffi de suivre l’actualité internationale, il y a de quoi s’insurger contre la prétention de certains individus qui se croient réellement supérieurs aux autres, du simple fait de leur « race ». Avez-vous entendu parler d’un certain Donald Trump ? Exemple typique. Cet homme d’affaires américain a eu pour dernière lubie celle de devenir président des Etats-Unis. Donald Trump est actuellement en pleine campagne pour la présidentielle et multiplie les propos racistes.

Monsieur Trump m’a donc rappelé le sens du mot « racisme ». Grâce à Trump, on perçoit bien à quel point le racisme est bêtise, médiocrité, ignorance et méchanceté. Trump nous rappelle à quel point le racisme est synonyme de peur, peur de l’autre, peur de l’étranger, peur du futur. Cet homme là doit avoir très peur. Avoir peur des autres et du futur… plutôt embêtant pour quelqu’un qui veut diriger les Etats-Unis. Curieusement, Trump est applaudi par des milliers d’américains, ses propos le rendent très populaire. J’essaye de comprendre. Que se passe-t-il aux Etats-Unis ? L’immigration fait partie de l’histoire de ce pays, elle a toujours été un des socles de la société, le mélange de races fait partie de son identité, c’est donc censé être quelque chose de normal. Mais dans cette société riche de gens de toutes origines, on a souvent donné au blanc le sentiment qu’il avait une suprématie certaine, et ce depuis longtemps, la traite négrière ça vous dit quelque chose ? Tout le monde sait qu’aujourd’hui  » c’est la crise », y compris aux Etats-Unis. La classe moyenne blanche américaine subit la crise, c’est la bataille pour trouver du boulot, ça devient dur d’arriver à « bien » vivre. Résultat  la bataille est féroce entre les races pour avoir une vie décente. Entre les blancs, les noirs, les hispaniques, les jaunes, les indiens d’Amérique et j’en passe… il y a de quoi faire.

Se sont toujours les mêmes préjugés, les immigrés sont, au choix, délinquants- violents- voleurs- paresseux  etc.  Les noirs ou les latinos seraient tous des usurpateurs. Tout ça justifie le racisme, c’est facile au fond… Voilà le sens que, de jour en jour, Donald Trump redonne au mot « racisme ». Avant, ces idées rétrogrades étaient limitées à certains cercles, à certains groupes politiques, à certains médias. Mais aujourd’hui, les gens ne sont plus gênés d’avoir des propos ouvertement racistes. Plus de honte, pas de scrupules. Pire encore, Trump proclame fièrement des idées xénophobes, il est applaudi, de nouveaux militants se revendiquent du parti Républicain et Trump continue à grimper dans les sondages ! Quelle misère.

A priori, le racisme primaire de Donald Trump ne devrait pas être mon problème, cela ne devrait pas me toucher, je ne suis pas américaine, je ne suis qu’une pauvre petite camerounaise. Mais les Etats-Unis c’est quand même la première puissance mondiale, ça pose problème… En 2015, j’ai participé aux tests de recrutement pour le « Mandela Fellowship », souvent appelé « YALI Programm », c’est un programme américain qui permet à de jeunes africains de recevoir pendant trois semaines une formation en leadership. Les jeunes ont rencontré le président Obama, ils ont aussi rencontré des personnalités influentes, le principe est d’apprendre à avancer avec efficacité et d’apporter sa pierre à l’édifice d’un monde meilleur. Que deviendrait un tel programme si Trump était élu président des Etats-Unis ? Quel type de collaboration l’Afrique serait-elle en droit d’attendre d’un président raciste, qui n’a pas hésité, dans un de ses discours, à nous traiter de « sots paresseux » ? (En octobre, à Indianapolis, Trump affirmait que « certains Africains sont des sots paresseux, tout juste bons à manger, faire l’amour et voler »). Observer un type comme Donald Trump c’est observer la banalité croissante avec laquelle des groupes d’individus sont aujourd’hui catalogués, du fait de leur race ou de leur appartenance religieuse, cela m’effraie.

Le 21 mars devrait désormais être une date significative d’action,  parce-qu’ il est grand  temps de dire activement NON au racisme. Le racisme est là, bien présent, il reprend du poil de la bête, attention !
RACISME, définition : haine crasse, fabrique permanente à préjugés.

PS: Une pétition a été lancée par AVAAZ pour dénoncer le racisme de Mr. TRUMP. Copiez-collez le lien qui suit dans votre navigateur pour vous aussi dire NON: https://secure.avaaz.org/fr/deartrump/?cCDBDib

Anna.


Ecrire comme une arme

Ecrire pour se répéter, écrire pour dire ce en quoi l’on croit, écrire pour garder l’espoir, écrire quand on ne peut pas marcher, écrire comme seule arme.

Ecrire, me permet d’évoquer ces sujets tabous qui apportent peine et douleur dans mon pays le Cameroun. Ecrire, me permet surtout d’apporter une voix parfois dissonante mais que j’assume pleinement.

Ecrire pour dire que j’ai peur, oui très peur. Lorsque dans un pays, les êtres humains n’ont plus de dignité. Nombre de fois, j’ai constaté dans ces colonnes, le manque de dignité accordé à l’être humain dans la société dans laquelle je vis. Un accident, un passage à tabac de bandits, une bavure policière, une bavure médicale, un revenge porn, tant d’exemples où Internet donne désormais le droit à certains de mes compatriotes d’exprimer leur désintérêt pour l’être humain, et ceci en général dans le but d’informer, dénoncer. Internet n’est pas le seul outil. Il n’y a qu’à observer les attroupements parfois de centaines de personnes autour d’un accident, ou de tout phénomène public inhabituel (bagarre, etc.). Tout le monde  regarde, compatit a priori mais personne ne veut rien faire, pas une pièce, un secours, rien juste ce voyeurisme aggravé.

Ecrire pour dire encore que j’ai peur, toujours peur de ce manque de dignité mais dans un autre contexte. L’empathie est un mot qui semble parfois s’évanouir du quotidien de mes frères et soeurs. Pour un rien, on s’énerve, on en vient aux mots insultants, irrespectueux que ce soit en public ou sur des plate-formes virtuelles. Pour un rien, dans un lieu où on peut s’attendre à de la compréhension comme un hôpital, même dans les cliniques privées où on paie pourtant pour se faire soigner, pour un rien, on vous manque de respect, pour un rien, on ne compatis pas à votre mal. Beaucoup de mes frères et soeurs (moi y compris) sont choqués par le drame de l’hôpital Laquintinie. Je dirais que le choc vient de son caractère spéctaculaire. Je dirais même « encore heureux que nous soyons choqués » car lorsque je vois le manque d’empathie et de tolérance que nous subissons et tolérons tous les jours (boulangeries, taxis, administration publique, et j’en passe), il est rassurant de se dire que le manque d’intérêt pour un être humain peut encore faire mal.

Ecrire pour dire que le système est pourri à la tête certes mais surtout les citoyens que nous sommes le sont. Trop souvent, nous disons « ce n’est pas grave, « on n’y peut rien », « c’est normal, y a rien à faire », « le pays-ci est foutu, tout les Camerounais sont pourris »,  » ce pays est un pays de faux » etc…

Pourtant, il demeure des policiers qui font leur travail avec passion, des médecins qui comprennent le sens de l’engagement, des préposés d’administration qui ont toujours le sourire. Pourtant, il demeure possible d’avoir recours à un certain nombre de services publics, sans corrompre qui que ce soit, il demeure possible de trouver un emploi sans se prostituer, il demeure possible de naître, vivre, grandir dans ce pays en étant honnête même lorsqu’on est pas riche. Il demeure beaucoup de gens capables de se mettre aux services des autres, des initiatives publiques ou privées qui sont au service du plus grand nombre sans contrepartie. Il demeure de l’espoir, il demeure la possibilité en tout et pour tout de voir le verre à moitié plein au lieu de voir le verre à moitié vide.

Ecrire pour songer au fait que les maîtres de ce système finiront peut-être par réussir leurs paris: mettre les Camerounais à dos les uns contre les autres. Ecrire pour rappeler que le statut de fonctionnaire dans mon cher et tendre pays n’a d’avantage que lorsqu’on est corrompu et tout le monde ne l’est pas. Ecrire pour me souvenir que dans tous les corps d’état, il y a eu ces trente dernières années, des grèves liées aux conditions de vie. Ecrire pour me souvenir, que lorsqu’une personne est désabusée, il n’y a souvent plus grand chose à en tirer. Ecrire pour me rappeler, que nos fonctionnaires sont désabusés voire même plus que nous.

Les gestes malencontreux, les crises, les morts par laxisme ne sont pas excusables. Toutefois, il nous faudra bien plus que nous plaindre en masse une fois par an, lorsque trop c’est trop pour enfin tirer la sonnette d’alarme. Chacun a un rôle ne serait-ce qu’infime à jouer. Une marche peut en être la première étape mais l’adoption d’une mentalité de solidarité et d’empathie journalière est aussi un autre grand pas.

Ecrire pour rappeler que quelque puissant que soit un puissant, il y a toujours un moment où le puissant doit rejoindre les mortels. Ecrire pour rappeler que nous ne devons cesser de croire au changement, croire en nous-mêmes et bâtir patiemment pour créer ce moment où le puissant n’aura d’autre choix que de nous écouter ou de partir.

Ecrire enfin, pour dire aurevoir à Monique KOUMATE et à ses jumeaux. Quelque soit les circonstances de fond, chacun mérite une meilleure fin. Ecrire pour supplier mes compatriotes de garder la foi. Ecrire pour rappeler à mes compatriotes que la masse peut faire changer les choses mais pour cela elle se doit d’être soudée, et pas seulement sur certains sujets. Ecrire pour rappeler qu’il ne faudrait pas que certaines morts soient vaines. Ecrire pour mon pays que je ne quitterai pour rien au monde. Ecrire pour mon pays pour lequel je souhaite avant tout me battre. Une autre occasion de se battre existe, en signant d’ores et déjà cette pétition pour une réforme du système des Urgences médicales au Cameroun.

Ecrire, écrire, écrire encore et toujours car en temps de crise ou de guerre à chacun ses armes. Telle est la mienne.

Anna♦


Il y a aussi de l’espoir- Together For Blaise

L’espoir fait vivre, l’espoir nourrit, l’espoir est la sève à laquelle nombre d’entre nous, nous abreuvons pour continuer le chemin parfois si sinueux de la vie.

Dans un pays comme le Cameroun et de façon générale dans des pays au niveau de vie encore peu élevés, dans des pays où l’état n’arrive pas encore à protéger efficacement le plus grand nombre de ses citoyens, l’espoir est souvent la seule arme qui reste aux uns et aux autres pour faire face aux difficultés.

L’espoir est aussi, je le pense sincèrement, la motivation première de nombre d’entre nous qui décidons du jour au lendemain de faire quelque chose pour notre prochain (comme on le dit bibliquement- temps de carême oblige pour la fervente chrétienne que je suis). Je n’ai nul doute, en effet que c’est l’espoir qui a motivé le photographe Steve Mvondo dans l’aventure impromptue et pleine de coeur dans laquelle il s’est lancé et qui porte désormais le nom « Together For Blaise« .

Blaise, est un jeune de dix-neuf ans lui aussi plein d’espoir. Il rêve notamment de devenir informaticien. Blaise ainsi décrit a le rêve de nombreux adolescents au Cameroun et ailleurs. Un jeune, somme toute normal, banal. Mais Blaise plein d’espoir, ambitieux, Blaise est a priori mal parti car c’est un enfant de la rue. Steve Mvondo au fil de ses « marches » ou « waka » (comme on dit chez nous au Cameroun, pour désigner une balade), a rencontré le jeune Blaise. Il a fait plus que le rencontrer, il a écouté, il a voulu se nourrir de son espoir.

C’est la raison pour laquelle j’ai eu envie de partager cette initiative avec vous. En effet, trop souvent, nous avons l’opportunité dans la vie, d’aider l’autre, de lui redonner de l’espoir. Mais nous nous laissons happer par nos propres vies, nos propres difficultés et nous laissons trè peu de place à la compassion, à l’ouverture. Steve Mvondo a voulu pour une fois s’arrêter et faire ce que nous devrions tous faire plus souvent (et ce quelque soit le pays du monde où nous nous trouvons car la misère n’a pas de frontières): écouter, s’ouvrir et se dire « si je pouvais l’aider… ». Armé de cette résolution et au travers de son talent de photographe et de la plate-forme qu’il s’était créé à cet effet sur Facebook, Steve a agi pour redonner de l’espoir. Il a partagé avec nous, internautes, l’histoire de Blaise. Il est allé plus loin en se renseignant sur les voies et moyens pour aider au moins-ce cet enfant-là, à sortir de la rue.

Steve nous a ainsi permis de découvrir une association au Cameroun, basée à Douala et spécialisée dans l’accueil des enfants auparavant vivant dans la rue. Avec l’aide du ministère des affaires sociales et des âmes de bonne volonté, l’association AGAPE propose gîte et couvert à ces enfants, leur donnant ainsi une chance de réinsertion. Au terme d’une petite enquête menée par l’agence, le jeune Blaise a été recueilli.

Steve Mvondo nous invite donc tous à un élan de générosité au travers de dons à cette association pour subvenir aux besoins spécifiques de Blaise et pourquoi pas d’autres enfants du centre. Ayant arrêté l’école au CM1 et de par son âge, Blaise ne pourra pas être re-scolarisé au sens strict du terme. Le but est de lui permettre d’intégrer un centre de formation en informatique, se préparer à un métier, en l’occurence celui qui est cher et avoir des armes pour affronter la vie, et s’assumer. Le bel élan de générosité a déjà entraîné des promesses de professionnel de l’informatique désireux de lui ouvrir leurs portes au terme de sa formation. Que d’espoirs!

Cette initiative à laquelle je compte participer, me redonne de l’espoir. Espoir que mon pays peut changer et que les choses peuvent aller mieux. Espoir qu’il y a encore des âmes de citoyen qui sommeillent en beaucoup d’entre nous (les réactions sur la page Facebook le prouve).   Ainsi parler de Steve Mvondo et de #TogetherForBlaise dans cet espace, c’est une première étape de ma contribution et c’est surtout l’occasion de mettre en lumière un acte noble et permettre à un plus grand nombre de personnes de participer

Découvrez l’action en cours sur la page Facebook de Steve Mvondo en cliquant ici.
Participez à la collecte de fonds actuellement en cours sur le site Leetchi.com (un clic sur le texte surligné)

L’espoir n’a pas de frontières, la charité n’a pas de limites. Avec l’espoir, mon pays le Cameroun finira par trouver sa voie, je n’en doute point.

XoXo,

Anna♦


Il y a aussi de l’espoir – #NousCitoyens

Il y a aussi de l’espoir, chez moi, dans mon beau pays le Cameroun.

Il y a de cela quelques jours, je constatais avec grande tristesse que le pays va mal, tout en terminant en vous rappelant que sous aucun prétexte, je ne perdrai l’espoir de voir une amélioration. Cette amélioration, cet espoir, je suis heureuse et agréablement surprise de pouvoir la palper autour de moi.

Je ne sais pas si c’est moi qui ayant perdu espoir ne voyait pas ce qui se passait autour de moi, ou ce sont ces initiatives qui sont venues à moi pour me donner une raison de partager l’espoir avec vous. Toujours est-il, qu’au cours de ces deux derniers jours, j’ai découvert deux projets dont je souhaiterais vous parler. Il ne s’agit pas seulement de vous en parler mais surtout vous inciter à les soutenir si possible. Pour ce faire, j’écrirai deux articles pour laisser suffisamment d’espace à chacun des projets.

Flamme de l’espoir N°1: #NousCitoyens

Je suis tombée par hasard sur l’espace NousCitoyens grâce à un de leurs articles qui a fait le tour du Web (Steve Fouman, 25 ans, militaire du BIR). NousCitoyens c’est donc un collectif (Marcel, JP, Samuel, Christine, Aurélie, Paola) de jeunes Camerounais qui souhaitent redonner dans notre cité, un sens au mot « citoyen ». L’initiative est né d’un triple constat, selon l’un des porteurs du projet Marcel :

  •  la situation de notre pays-le Cameroun- (ou de pays semblables) pourrait certainement être meilleure
  •  l’esprit humain a tendance à retenir surtout le mauvais, et donc les exemples de mauvaise gestion, de mauvais comportement sont ceux qui frappent le plus et ceux dont on discute le plus. –
  • Parfois, et c’est le pire, ces « mauvais » exemples sont même pris comme modèle puisqu’ils conduisent parfois à l’enrichissement rapide.

De ces constats, est née la volonté de présenter des modèles différents, des modèles positifs, des modèles d’espoir. Pour présenter les 28 modèles qu’ils ont choisi pour un départ, ils utilisent un blog sur lequel ils publient de façon bi-hebdommadaire, depuis la mi-Février. En ce qui concerne les portraits, il s’agit de jeunes représentant des valeurs de « travail, exigence dans la qualité, intégrité, humanisme, désintéressement, etc » afin de susciter chez les lecteurs déjà engagés, le sentiment qu’ils ne sont pas seuls dans leur cheminement de citoyen et chez ceux qui n’ont pas encore fait le pas, l’envie d’être meilleur, l’envie de faire eux aussi quelque chose pour leurs pays.

Au terme de la publication des 28 Portraits, l’équipe du Projet #NousCitoyens souhaite aller plus loin avec des supports de communication à diffusion plus large, pour que la flamme d’espoir puisse être transmise au plus grand nombre. Ils travaillent notamment sur un livre compilant les différentes histoires et qui pour ce faire, pourrait contenir plus de 28 portraits. Pour eux, passer le message, passe aussi par l’image et en l’occurrence le dessin, raison pour laquelle leurs histoires sont toujours illustrées (cf. Image de Une).

Pour ceux qui comme moi souhaitent les soutenir, il suffit de faire vivre l’espoir. Comment? En étant soi-même des exemples de bon citoyen dans nos cités camerounaises. Mais plus simplement, en visitant le blog #NousCitoyens, en aimant leur page Facebook et en partageant leurs publications et articles tout autour de vous. Vous pouvez aussi les contacter afin de leur recommander des personnes qui pour vous font figure de modèle.

Mon coeur s’enivre lorsque je vois des jeunes qui s’engagent, font vivre l’espoir et n’ont pas peur de croire au changement. Parce que j’aime mon beau Pays le Cameroun, je suis heureuse de partager et donner plus de voix à de telles initiatives car, oui, nous sommes tous citoyens. Bon Vent à l’équipe #NousCitoyens.

A très bientôt pour mon 2ème volume de la flamme de l’espoir.

Anna♦


Mon pays va mal

Mon pays va mal, très très mal.

Et pour arriver à penser cela, il faut avoir usé de ma sève d’optimiste têtue. Mais oui, mon pays va mal.

Dans mon pays, les routes tombent en lambeaux, tuent chaque jour un peu plus, mais ça ne semble déranger personne.

Dans mon pays, on multiplie les slogans, grands, petits, transformation, rénovation, plan triennal, plan quinquennal, mais rien n’y fait, le pays va mal.

Dans mon pays, les jeunes n’ont plus de modèles. Le piment, expression célèbre chez moi pour parler à mots couverts des belles qui ont décidé que leur corps était leur meilleur atout, oui dans mon pays, le piment a des beaux jours.

Dans mon pays, je disais, les jeunes n’ont plus de modèles. Le piment fait désormais peau neuve sur la place publique. Les commerçantes de ce bien précieux ne se cachent plus. Elles affichent désormais leurs voitures, leurs sacs de marque, leur statut d’amantes ou que sais-je encore. Elles ont désormais le droit de citer sur les presses internationales pour défendre (il faut y croire) les droits des femmes. Ces commerçantes d’un nouveau genre ne sont-elles pas au fond bien le symbole du pauvre rôle que la femme a dans mon pays ? Ces commerçantes sont-elles conscientes d’être des objets ni plus ni moins ? Je me pose vraiment la question. Triste réalité que la nôtre.

Dans mon pays, le saupoudrage est un art. Que ce soit dans les marchés publics, que ce soit dans les initiatives privées dites sociales, on s’occupe de tout, on parle de tout, on fait tout mais au final on ne fait rien. Et avec le saupoudrage, on occupe la place publique, qu’on soit homme d’état, homme d’affaire, « journaleux », jeune en devenir. On occupe les médias. On occupe les premières places partout. Avec le saupoudrage, on se maintient et on prend le contrôle chaque jour un peu plus.

Dans mon pays, les enfants de la rue sont des marginaux, sans aucune institution forte pour les réinsérer. Dans mon pays, les personnes âgées ne sont pas encadrées. Une des rares institutions privées qui soit dévouée à leur cause vient de perdre sa fondatrice, une sœur catholique âgée de 85 ans. A peine décédée, son institution est déjà menacée d’éviction. Dans mon pays, il n’y a pas d’assurance maladie publique et les assurances privées estiment que la maladie est un risque à perte qu’elles ne peuvent assurer que s’il est accompagné d’autres polices (habitation, voiture, entreprise, etc).

Dans mon pays, quand tu as un travail, tu dis merci à Dieu. Dans mon pays, être fonctionnaire est un accomplissement de vie, travailler dans le privé, le sésame qui te met au-dessus de la populace, se mettre à son compte un échec prémédité et faire du bien pour les autres, un acte d’aveugle.

Dans mon pays, l’étranger a plus de pouvoir que l’autochtone. Être ministre c’est un statut, un titre mais en aucun cas une fonction avec des devoirs et des responsabilités. C’est ainsi que les prêts internationaux augmentent chaque jour de plus en plus, se chiffrent en milliards. Qui va payer l’addition ? On se le demande. Quel sera le résultat de ces investissements, on l’attend en priant pour que le budget ne soit détourné qu’à 50%.

Dans mon pays, à force de se demander quand ça changera, on meurt. Dans mon pays, à force de se dire qu’on veut faire quelque chose pour changer, on se meurt. Dans mon pays, tous ceux qui ont dit non sont morts. Dans mon pays, l’histoire c’est pour les morts. Les vivants, vivent. Dans mon pays, tout est à refaire mais rien ou presque ne bouge.

Dans mon pays, être citoyen c’est être un individu passif, attentiste et opportuniste. Dans mon pays, être homme d’affaire ou patron dans le parapublic, c’est s’enrichir, s’enrichir, s’enrichir toujours plus, sans jamais réinvestir, sans être pérenne, sans faire dans le social, en mettant toute sa famille, même ses cousins les plus lointains en haut, sans avoir peur de Dieu.

Dans mon pays, mieux vaut ne pas connaitre la vie des gens. On ne s’en remettrait pas. Dans mon pays cependant, malgré tout, il y a des gens qui comme moi, au fond, n’ont pas perdu espoir. Il demeure des gens meilleurs que moi, qui continuent à se battre, prendre des risques pour faire du bien malgré tout, chaque jour. Il existe quelques rares ministres qui font leur travail et il est encore des fonctionnaires qui veulent réellement apporter leur pierre à l’édifice.

Dans mon pays, la médiocrité veut l’emporter sur le bon sens mais comme on dit aussi dans mon pays « Dieu ne dort », oui il ne dort pas et fervente chrétienne que je suis, en ce temps de carême, j’ai remis mon pays en prière. Je reste persuadée que nous pouvons encore, si nous le voulons, patiemment, lentement, inverser le mauvais sort.

Dans mon pays, je veux rester optimiste malgré tout, je ne veux pas fuir. Je veux rester, agir, écrire comme je le fais maintenant, participer même de façon insignifiante au changement.

Dans mon pays, je veux avoir l’occasion de faire du bien autour de moi, d’alléger un peu la peine et je respecte toutes les personnes que je connais qui n’hésite pas à le faire tous les jours (KF Heart or Steve Mvondo- #togetherforblaise) et que je souhaiterais pouvoir aider mieux.

Dans mon pays, je continue à rêver de lendemains meilleurs pour mes enfants.

C’était un rappel que mon pays va mal, très mal mais que mon pays je l’aime avant tout et j’en reste fière malgré tout.

Anna♦


Les Suprêmes- Edward Kelsey Moore

« Les Suprêmes », c’est un cadeau de Noël que j’ai enfin pu lire avec bonheur.

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Suprêmes-Edward Kelsey Moore
Tous Droits Réservés, La Case d’Anna 2016.

« Les Suprêmes » c’est un cadeau d’amour de ma petite soeur chérie. « Les Suprêmes » c’est un cadeau de vie car on n’en sort inmanquablement bouleversé. « Les Suprêmes », c’est un livre pour femmes mais pas seulement. « Les Suprêmes » c’était une belle fin d’année 2015 pour moi, et sa découverte marquera le début d’une superbe année 2016 pour vous.

« Les Suprêmes » est le premier roman d’Edward Kelsey Moore » qui dans la vie est un violoncelliste professionnel. Ce roman nous conte par les menus détails la vie de trois amies Odette, Clarice et Barbara Jean. Ce sont trois femmes noires américaines vivant dans un état tout sauf gentil l’Indiana.

« Les Suprêmes » ce sont trois jeunes femmes qui deviennent amies au début des années 60 et que pourtant beaucoup sépare. Leur amitié à elle toute seule, est une leçon de tolérance et d’acceptation de la différence: classe moyenne, bourgeoisie black et ghettos se bousculent et s’entrechoquent au fil de leur amitié et de leurs vies.

« Les Suprêmes » nous parle de tellement de choses différentes qu’il faudrait toute une année pour faire une liste. Je retiendrai cependant les thèmes qui m’ont marqué: la différence, l’amour, le combat face à l’adversité.

La différence car nos amies sont différentes. Elles ont toutes les trois des principes qui les lient, mais aussi des principes qui a priori auraient pu les séparer mais même si elles savent se dire la vérité quand il le faut, c’est toujours avec beaucoup d’amour, de respect et de bienveillance.

L’amour, parlons-en est le fil conducteur de ce beau livre à mon humble avis. La vie des trois « Suprêmes » (surnom qui leur a été donné en souvenir du célébre groupe de musique de la Motown) est rythmée par leurs choix amoureux. Que ce soit l’amour qu’elles portent à leurs maris ou l’amour qu’elles portent à leurs enfants, ou encore l’amour qu’elles portent à leurs amies.

Le combat face à l’adversité est un autre des fils conducteurs. « Les Suprêmes » toutes à leur manière, nous donne de belles leçons de courage face aux épreuves de la vie trop souvent nombreuses mais aussi d’honnêteté avec soi-même. J’ai ainsi retenu qu’on ne peut véritablement faire face à un problème ou une peur, que lorsqu’on se le décidé à l’affronter. Faire la sourde oreille, se cacher sous des prétextes, est peut-être possible pendant un moment ou même pendant des décennies mais tôt ou tard, il faut faire face ou sombrer.

La vie est un beau cadeau, et les « Suprêmes » est une belle ode à la vie, à l’amitié, aux plaisirs simples. « Les Suprêmes » m’ont donné envie de vivre plus, de vivre intensément et de donner le meilleur de moi-même pour chaque instant car on ne connait ni l’heure ni le jour.

Au final, les « Suprêmes » c’est un super concentré de bonne humeur, à lire, bien assis(e) au fond d’un canapé, en sirotant un bon petit verre de notre boisson préférée, et en songeant à la chance qu’on a de pouvoir le lire.

Merci à la Debs pour ce beau cadeau, dont je lui serai éternellement reconnaissante. Bonne lecture et n’hésitez pas à partager vos impressions.

Anna♦


Entrepreneur, nous y voilà

Entrepreneur, je l’ai longtemps rêvé, j’en ai souvent parlé, j’ai tant hésité et désormais nous y voilà.

Depuis le 14 Janvier 2016, je suis officiellement, à mon compte, et j’ai plongé dans le monde très dur bien que très sexy de nos jours de l’entrepreneur.

Le saut est si massif, que j’ai décidé de partager avec vous dans une toute nouvelle rubrique, mon évolution dans ce monde, mon parcours, mes réussites (je l’espère), mes échecs, mon expérience en somme. Je le fais, car je pense qu’en Afrique, cela reste un tabou. Devenir entrepreneur, ça commence un peu à être à la mode mais c’est toujours signe de risque insensé. Entrepreneur, ça suppose parfois de se mettre à dos beaucoup de gens. Entrepreneur c’est tout sauf facile. Entrepreneur c’est une aventure et ne dit-on pas que plus on est de fous, plus on rit, alors riez avec moi. 

Tout ceci a commencé il y a fort longtemps. Il y a dix ans, j’étais encore étudiante en 2ème année d’école de commerce à Paris et nous avions un cours appelé « Projet professionnel ». Comme son nom l’indique, nous étions invités dans ce cours à amorcer une réflexion sur notre projet professionel à court, moyen ou long terme. Dès ces moments, je songeais déjà à me mettre à mon compte. A l’épôque, je me voyais, chef de projet dans un grand groupe d’évènementiel à la sortie de mes études, puis rentrant triomphalement dans mon pays le Cameroun pour lancer « THE » agence d’évènementiel nantie d’une belle expérience.

Et puis j’ai dû rentrer à la fin de mes études, j‘ai fait des choix différents, et notamment celui il y a six ans de rejoindre un groupe international installé au Cameroun dans le cadre de leur programme « Jeunes Diplômés ». J’ai entamé une carrière au service Marketing qui m’a permise de découvrir toutes les gammes de produit commercialisées par cette boîte, le processus d’innovation, et les principes de base de la gestion. Toutefois, je gardais ce désir ardent de me mettre à mon compte. En fait, à mon retour de France, j’avais même lancé l’embryon d’une société, pensant pouvoir jongler entre travail en entreprise et développement de ma société. Ca n’a clairement pas été possible et je m’étais résignée à attendre une dizaine d’années pour finalement me lancer et en attendant à me battre pour briller dans ma carrière en entreprise.

Tout est souvent si facile quand on le dit, mais moins aisé à implémenter. Malgré un travail fort passionnant, j’ai progressivement perdu de l’entrain. Dans les grandes entreprises, la croissance à deux chiffres est permanente chaque année et le rythme soutenu. Pour atteindre ses objectifs, il n’y a aucune place pour le doute, pour la remise en question et « à ceux à qui beaucoup aura été donné, beaucoup sera demandé en retour ». Je n’ai pas échappé à cette règle et le statut de « Potentiel », me donnait l’obligation de délivrer à 300% en tout temps. Des évènements personnels m’ont poussé au bout de quatre ans, à remettre en question le sens de ma vie, mes priorités, mes souhaits d’avenir.

Et une fois de plus, le mot « entrepreneur » est revenu. J’ai commencé à travailleur sur le projet, le nom souhaité pur l’entreprise, le sen sens que je lui donnais, la vision que j’avais pour elle. Dans le même temps, j’ai plongé dans l’aventure du blogging avec « La Bibliothèque Qui Ne Brûle Pas », puis  » La Case d’Anna » toujours avec cette sensation de ne pas être totalement accomplie. J’ai continué à batailler avec moi-même, bossant sur mon projet tout en esseyant de me donner au boulot. Mais inévitablement, ça n’a pas marché parce que ces choses là ne fonctionnent pas comme ça en tout cas pas pour moi. Chez moi, c’est tout ou rien, passion ou désaveu. C’est ainsi que j’ai après deux ans de réflexion, un matin de Septembre, posé ma démission.

Quand la décision a été prise, je me suis juste sentie libre, je n’avais aucune assurance et je n’en ai toujours aucune d’ailleurs que mon projet d’entrepreneur en valait le coup. Je n’avais aucune assurance d’une réussite assurée, juste une ferme conviction. Je n’étais sûre de rien, mais je me sentais heureuse et en paix. J’ai effectué mes trois mois de préavis comme j’ai pu, avec une volonté de bien faire. Bien faire, car je ne partais pas parce que je n’aimais plus ma boîte, ou mon travail. Je partais car le temps était venu pour moi de faire autre chose, de prendre un chemin différent.

Raconté comme cela, ça a l’air facile, sans anicroches. Que nenni. Mes deux dernières années en entreprise ont été très dures car je me sentais torturée, et je n’étais pas toujours en mesure de donner le meilleur de moi-même et cela me comblait de frustration. Toutefois, ces deux ans m’ont aussi permis de mûrir mon projet, de le soigner, de l’embellir, peut-être à l’excès mais avec beaucoup d’amour.

Et puis le moment de partir est arrivé, et je me suis donc dit « entrepreneur, nous y voilà »!

Ce n’est que le début. J’en ai et en aurai encore de bien belles à vous raconter. J’ai essayé de faire court, bien que long. N’hésitez pas à partager, à laisser un commentaire par-ci, par là, ça me fera plaisir de discuter avec vous. La suite, à tantôt.

Anna ♦


Paris, ce que je retiens!

Paris, c’était un vendredi 13, une soirée normale pour beaucoup qui a basculé dans l’horreur de l’inattendu sans que l’on comprenne bien pourquoi. 

Paris, depuis vendredi déchaîne les passions sur les réseaux sociaux entre citoyens du monde qui ne comprennent pas et rejettent le trop-plein d’attention donné à ce malheur face à tous les malheurs qui habitent la terre tous les jours ou plutôt toutes les autres victimes d’attentat qui parsèment le monde.

Paris, c’est un rappel depuis vendredi que le sentiment anti-Occident, anti-France, augmente de plus en plus partout dans le monde et notamment en Afrique. Une nouvelle génération peut-être plus consciente, revendique les morts récentes et lointaines de son continent et répond à la haine par la haine.

Paris, c’est le triste rappel que le monde va extrêmement mal. Car avant Paris, il y a eu Paris, il y a eu Bagdad, Damas, Beyrouth, Maroua, Kolofata, Garissa et bien d’autres encore, passés ou à venir.

Mais pour moi Africaine, Camerounaise, au-delà de tout ce que j’appellerais des faits qui ne se discutent plus, Paris c’est plus que cela. Paris c’est le rappel violent et amer que la vie humaine n’a pas beaucoup de valeur chez moi. Je ne peux m’empêcher de lire les nombreux témoignages des proches de disparus, les partages d’images d’anonymes, de me rappeler que ce n’est d’ailleurs pas la première fois. En effet, à Paris, la disparition d’un enfant fait la une des journaux avec analyses, photos à l’appui, portrait de la famille, et souvent une mobilisation sur les réseaux socieux etc. Chez moi, une enfant disparu c’est au mieux un communiqué de presse posté à la radio par sa famille qui la recherche en vain, et une apparente indifférence des médias qui généralement rapportent l’information comme un énième fait-divers. A Paris, un accident de la circulation mortel fait une fois de plus la une des journaux sans image des corps mais tout au plus des photos des décédés sous leur meilleur jour, des analyses immédiates et pointues sur les causes possibles de l’accident et des rappels aux automobilistes sur leurs responsabilités, les sanctions pénales et civiles réelles après de vraies enquêtes pour s’assurer que cela n’arrive plus jamais. Chez moi au Cameroun, le même accident peut éventuellement faire l’un des titres du journal mais dans le but de montrer des images désastreuses de corps en lambeaux, faire un macabre décompte des morts et blessés, et écrire 2-3 lignes sur les responsabilités des uns et des autres. Aucune action en justice sérieuse, en tout cas aucun relai presse et aucune action pour ceux qui causent les morts. Je pense notamment, aux morts QUOTIDIENNES dues à un phénomène rare: les motos-taxis.

Loin de moi l’idée fondamentalement de juger, qui serais-je pour me considérer différente de mes autres compatriotes. Mais Paris m’a fait mal. Mal parce que pour la première fois de ma vie, j’ai perdu quelqu’un que je connaissais et j’appréciais, assassinée violemment par des terroristes. Une jeune fille pleine de vie, généreuse, joyeuse qui s’appellait Lola Salines.

Paris m’a fait mal parce que j’ai dû me regarder en face et me demander quelle valeur réelle avait la vie pour moi. J’ai dû repenser à nos morts et me demander à quelle fréquence j’ai pleuré pour le Nord Cameroun, mais plus largement, j’ai dû repenser à toutes les morts banales, souvent horribles qui surgissent dans mon quotidien, à ces accidents violents que j’ai croisé plusieurs fois dans un taxi, à ces hommes qu’on brûle tous les jours au lieu de les remettre à la justice car ils sont des voleurs. J’ai dû repenser au fait que chez moi, et pour moi (de façon consciente ou inconsciente), la mort était devenue banale.

Paris, j’en retiens donc qu’un mort, c’est une vie humaine qui s’envole et qui mérite d’être célébrée. Je ne veux pas en vouloir aux Occidentaux parce qu’ils savent célébrer leurs morts ou plutôt les garder vivants à jamais dans le coeur de tous. Je veux pouvoir me demander, comment, chez moi, individuellement et avec les autres, je vais pouvoir apprendre à rendre aussi mes morts immortels.

Paris, me rappelle que célébrer la vie, immortaliser les morts, c’est la responsabilité de tous, à commencer par nos médias, et nous-mêmes dans nos partages sur les réseaux sociaux. Cessons de partager des débris de corps, des statistiques… Informons-nous plus, recherchons les histoires de vie, apprenons les leçons et ce pour toutes les morts qu »elles soient le résultat d’attentats ou tout simplement d’un accident de la circulation. Ainsi, quand nous apprendrons, à célébrer nos disparus, nous n’aurons plus besoin que Facebook le fasse car ils vivront dans nos coeurs tout simplement.

Paris, ça pourrait aussi être la troisième guerre mondiale qui arrive, l’apprentissage nécessaire que nous devons faire de plus de tolérance mais ça beaucoup en ont déjà parlé et pour moi, au final c’est secondaire. Banaliser la mort, banaliser la violence, c’est déjà avoir accepté tout le reste.

Mon coeur saigne, et je souhaite que mon esprit retienne ainsi la leçon: un mort est une vie qui s’efface. 

Anna♦


Trente-trois ans à rire ou à pleurer

Trente-trois ans à rire ou à pleurer, on se le demande…

Trente-trois ans, c’est l’âge de Jésus-Christ au moment de son décès. Trente-trois ans, c’est un âge considéré comme l’âge de raison dans de nombreux ouvrages littéraires, allez savoir pourquoi. Trente-trois ans avec 22 ans en plus, c’est l’âge actuel de mon cher pays. Et en fait 33 ans, c’est le temps que mit un certain Nkukuma à la tête de ce pays.

Pour ceux qui passent ici pour la première fois, je m’appelle Anne et je suis originaire de l’Afrique en miniature, en d’autres termes le Cameroun. Au Cameroun, nous avons été indépendants en 1960. Depuis 1960, nous avons eu le privilège d’avoir deux présidents (oui privilège, on connaît des situations plus critiques ou bien?). Le deuxième qui n’est autre que l’actuel chef d’Etat a donc eu l’opportunité de devenir président, il y a de cela 33 ans à un jour près (le 6 novembre).

D’où mon interrogation, 33 ans à rire ou à pleurer? En effet, 33 ans c’est beaucoup d’années d’immobilisme, de nombreuses années de changements constitutionnels pour se faire réélire, et c’est 33 ans de mise à mal de l’essence même du pays, de ses valeurs avec la prolifération galopante de la corruption. On pourrait certainement penser 33 ans à pleurer.

Mais, c’est aussi 33 ans de paix chèrement gagnée quand tout l’entourage a déjà connu au moins une guerre (Nigeria, Centrafrique, Congo, Tchad, etc.). C’est 33 ans pendant lesquels nombre de Camerounais (bien que moins de 5 % de la population) ont pu accéder à la richesse. C’est 33 ans sans famine, car l’agriculture vivrière bien qu’encore sous-exploitée permet cependant de manger à satiété des vivres frais et variés, ce qui n’est pas l’apanage de beaucoup de pays de ce côté-ci de la planète. C’est 33 ans avec quelques infrastructures supplémentaires et une économie qui reste en croissance (5,9 %) cette année.

Plus profondément, je ne souhaite pas faire un bilan économique, politique ou encore social de ces 33 ans de règne. Je n’en ai ni la capacité, ni la volonté et je ne pourrais que rentrer dans un match avec les nombreux penseurs patentés que compte mon pays. Que Dieu m’en garde. Non, je tiens juste à me rappeler que ce pays demeure le mien. Je préfère me rappeler qu’il est dur d’y vivre tous les jours, mais il y fait bon mine de rien. Je préfère me rappeler que le futur et le destin sont des données individuelles et pour espérer un changement collectif, il faut d’abord une prise de conscience de chacun.

Trente-trois ans à rire, je préfère, car c’est 33 ans à grandir, à vivre dans ce pays (un peu moins, car je n’ai pas encore 33 ans) et à se demander comment le changer. Oui, comment changer les mentalités? Comment créer un esprit citoyen? Pour nombre d’entre nous qui regardons avec tristesse le bilan de cette période.

Nous avons le choix aujourd’hui, en tant que jeunes notamment, de voir le passé différemment et de forcer le changement. Beaucoup parmi nous se mobilisent dans des causes associatives, caritatives. Ils sont désireux d’apporter de l’aide à leurs compatriotes en difficulté. De plus en plus, des jeunes Camerounais formés à l’étranger rentrent dans leur pays et ceux ayant grandi sur place se lancent dans l’entreprenariat. L’Etat l’a même compris en facilitant les procédures pour la création d’entreprises.

Trente-trois ans ce n’est qu’un chiffre et de plus en plus, je pense que ce n’est pas une barrière. Rien n’est éternel et le choix est donc le nôtre. Attendrons-nous la fin ultime des 33 ans en pleurant sur notre sort, en nous abandonnant à la tristesse, au défaitisme sans jamais rien y faire ou choisirons-nous de considérer c’est 33 ans pour ce qu’ils sont, un début, et l’espace pour un avenir que nous seuls pouvons définir?

Soyons plus citoyens. Soyons plus courageux. Soyons plus motivés. Il faut y croire. Moi j’ai déjà choisi. C’est 33 ans à rire, rire de joie, rire d’espoir, rire de courage, rire d’ambition.

Anna♦


The Blog Contest- Saison 3- Pourquoi Pas?

Cher Jury,

Je viens par la présente vous signifier mon intérêt profond et particulier au poste de membre du « The Blog Contest » pour sa  saison 3.

En effet, je m’appelle Anne, bloggeuse à temps perdue depuis près de deux ans. J’ai commencé l’aventure avec une bibliothèque que j’ai voulue éternelle et j’ai continué en bâtissant une case, ma case d’où je vous écris en ce moment et où je m’amuse à refaire le monde.

Depuis deux ans, je lis assidument les aventures d’Elie, Leyopar, Tchoupi et depuis peu William ou Elsa, dans votre bel univers le Blog Contest. J’ai lu avec attention les thèmes présentés au fil des mois (le leadership, les one night stand) et j’ai été émerveillée par la capacité inhabituelle, voire exceptionnelle de ces bloggeurs à exprimer leurs points de vue chacun en formant et raffermissant sa plume.

Et puis…

Bon, on arrête le livre!!!

Bienvenue cher lecteur, si c’est la première fois que tu passes par ici, il se trouve que tu es sur ma Case. La Case d’Anna, un espace ludique, toujours en renaissance, jamais barbant et qui n’est autre que le reflet de la personnalité versatile de son auteur Anna. A bien y songer, ce serait une belle description aussi du  « The Blog Contest » : versatile, ludique, toujours en renaissance, la preuve, cette saison 3 et sa nouveauté : la lettre de motivation pour les candidats.

Comme vous avez pu lire dans les deux premiers paragraphes, j’ai vraiment essayé de l’écrire cette lettre de motivation, dans les règles de l’art. Mais voilà c’est tout sauf moi. Les règles de l’art, je surfe avec,  je m’amuse avec la plume et je partage cet amusement, cette joie, parfois de la tristesse avec ceux qui me lisent. Alors, oui The Blog Contest, c’est de nouveaux horizons, des frontières encore plus folles à dépasser et c’est vous faire découvrir lecteurs ma petite tête de linotte. Meilleure que les autres, je ne sais pas et  je ne me pose pas la question. Que ce soit Estelle ou AD et les autres, ils ont tout de TOP Candidats.

Mais The Blog Contest l’a dit. Nous ne serons que trois. Vous conter fleurette, vous divertir et vous emmener dans mon monde au travers de ces quelques mots, a d’ores et déjà été un agréable plaisir.  Je serai heureuse de le continuer et d’ailleurs sélectionnée ou pas, je m’attribue officiellement le statut de NJOTTEUSE (en langage de la rue au Cameroun, signifie qui profite d’une place qui ne lui est pas due). Eh oui, j’écrirai quand même sur ces thèmes car plus on est de fous, plus on rit.

Je ne saurai terminer sans les salutations d’usage et mes félicitations à la Team #The Blog Contest. Beaucoup ont des idées, très peu sont capables de les faire voler haut ! Well Done. (et je le pense VRAIMENT faut pas croire que c’est de la lèche- rires)

Au plaisir,

Anna.

PS : J’entends dire que certains se sont déjà lâchés. Je vous invite à lire la lettre de motivation de Mr. AD , Celle du Pigiste, ou encore des Miss Samantha Tracy et Tootoone A.K.A Estelle, et d’un autre William . N’hésitez pas non plus  à  cliquer j’aime sur  la page Facebook The Blog Contest et  leur compte The Blog Contest- Twitter par là. Et puis souhaitez-nous bonne chance !!!


DigitalThursday ou l’afterwork autrement

DigitalThursday, un article sympa, à lire avec le sourire aux lèvres. DigitalThursday, une initiative que j’ai appréciée, oeuvre de l’agence de publicité Accent.com. En gros, un évènement sympa, cela va de soi et vous saurez pourquoi dans les prochaines lignes. 

Je tiens tout d’abord à souligner que ceci est tout sauf une réclame. Au contraire, j’ai bien failli ne pas assister à cette rencontre. Il s’agit d’un pur hasard. Je me baladais dans les méandres de mon compte Facebook et je tombe sur l’annonce d’un « event », le DigitalThursday. Blogueuse de mon état, et de ce fait (ou pas d’ailleurs), amie du digital, surprise de voir un événement au nom aussi étrange qui se déroule au Cameroun, et de surcroît dans ma ville de résidence Douala, je file sur la page dédiée.

Je tombe sur une description assez vague, qui sonne très ronflante et surtout UN PRIX, mais alors THE PRIX d’entrée (15 000 F CFA) et je me demande si les organisateurs n’auraient pas un tout petit peu fumé la moquette (mais juste un petit peu quand même). En effet, on me parle d’un mouvement qui va se créer, de starts-ups qui pourront rencontrer des investisseurs et vice versa. Je lis des mentions sur la participation en tant que speakers de Loïc Nkono (un jeune homme aux multiples talents, parmi lesquels celui de nous faire rire… mais aussi celui de Community Manager) et de Danielle Ibohn (mondobloggeuse qu’on ne présente plus- ma marraine-, star sur #twitter237, et elle aussi Community Manager).

Intéressée, mais pas encore convaincue, j’envoie un message à l’équipe DigitalThursday pour plus de détails. Je vous ferai l’économie de ce qui a été dit et des voies et moyens qui m’ont finalement permis d’assister à la 1ère édition de cette rencontre,mais j’y étais et ce fut un plaisir.

Dès l’entrée de la salle de conférences, j’ai été agréablement surprise : un phénomène inattendu, un chronomètre. Chaque speaker avait en effet cinq minutes, pas plus, pour parler et le chronomètre grandeur nature, faisait le décompte. Il fallait donc être précis, détaillé et suffisamment « aguicheur ». J’ai raté les présentations des speakers dits techniques comme Loïc ou Danielle mais j’ai pu assister aux pitchs des start-ups invitées. J’ai gardé en mémoire trois projets au caractère novateur et ambitieux:

  • #droneafrica, qui résume l’ambition d’une équipe de commercialiser des drones pour utilisation privée (entreprises ou individuelles) en Afrique, afin notamment d’améliorer des activités telles que la cartographie.
  • #kwiizi,  une opportunité donnée aux jeunes Camerounais étudiants, d’avoir accès à un certain nombre de ressources académiques sans avoir accès à internet et de façon gratuite.Vous pouvez financer le projet ICI
  • #Hyboo, une façon ludique et différente d’apprendre nos langues traditionnelles.

J’ai aimé cette opportunité donnée à des jeunes (généralement) entrepreneurs de démontrer leur savoir-faire et de lever des fonds de manière différente J’ai aimé le parti-pris de #digitalthursday qui est de se positionner à l’avant-garde de la révolution numérique, digitale, au Cameroun et de créer un espace de rencontres pour les professionnels ou les amateurs de ce domaine. J’ai aimé les échanges entre présentateurs et participants, bien organisés, constructifs, bon enfant. J’ai aimé le sérieux de l’organisation et l’importance donnée aux petits détails (un cocktail aussi visuellement beau qu’appétissant). Je n’ai pas regretté le billet d’entrée. J’ai hâte d’assister à la 2e édition et je dis merci au comité d’organisation du  #DigitalThursday  pour ces moments agréables.

Comme quoi, on peut décidément sortir autrement, en somme faire l’afterwork autrement dans ma chère et surprenante Douala.

Anna♦


Miss Cameroun 2015, je n’en parlerai pas!

Miss Cameroun 2015, c’est décidé. Je n’en parlerai pas, un point c’est tout, et puis c’est vraiment tout. Ou bien oui, j’en parlerai un peu, mais alors un tout petit peu, juste un petit bout. Ou en fait, non, je n’en parlerai pas. Finalement quel dilemme…

Oui un dilemme, car j’ai déjà commencé à écrire. En effet, j’ai repensé à la campagne de la future Miss Cameroun 2015, Jessica Lilly Ngoua Nseme (Miss Littoral 2015), une jeune demoiselle que j’ai l’honneur de connaître personnellement. Honneur, car c’est vraiment quelqu’un de bien, au-delà de la beauté qu’on acceptera ou pas (des goûts et des couleurs…). Honneur, car c’est une jeune fille qui m’inspire: ambitieuse, généreuse, humble et ce dans la vie de tous les jours. Et j’ai une fois de plus repensé à sa campagne. De la vraie campagne de communication, digne d’une agence de renom. Facebook, Twitter, Whatsapp, SMS,  médias (presse, tv, radio) etc..la génération 4G n’a jamais été autant à l’honneur. Et elle n’a pas été la seule. Cet élan a été suivi notamment par sa future 1ère Dauphine, Miss Centre.

Et comme je le disais, j’ai repensé à sa campagne, aux campagnes de ces jeunes filles qui se sont battues pour le sacre ultime, puis j’ai repensé à la cérémonie de récompenses qui s’est tenue samedi dernier, 11 juillet 2015 dans une des salles du prestigieux Palais des Congrès, à Yaoundé, capitale politique du Cameroun. J’ai repensé à cette cérémonie  que la Première Dame de la République du Cameroun a bien voulu honorer de sa présence. Et enfin, je me suis rappelée que je ne voulais plus parler de Miss Cameroun 2015. Oui je ne voulais plus me rappeler de la soirée qu’avait été le 11 juillet 2015. Décrire Miss Cameroun 2015, c’est comme revivre le naufrage du Titanic, en direct, sans pouvoir intervenir. Décrire Miss Cameroun 2015, c’est se rappeler qu’au Cameroun, les évènements d’exception ça existe. C’est se rappeler que le culte de l’excellence n’est pas toujours présent mais qu’en d’autres situations, il a déjà prévalu dans notre pays. Evoquer Miss Cameroun 2015, c’est risquer un arrêt cardiaque au souvenir triste du nombre d’années d’existence de ce concours (au minimum 10 sous la présidence du COMICA). Je ne voudrais et ne saurais en dire plus. Vous pouvez lire un excellent compte-rendu de l’événement Miss Cameroun 2015 en lisant mon confrère Bloggeur Elieko. Oui, je ne parlerai plus de Miss Cameroun 2015 sauf pour me rappeler que Miss Littoral, Jessica Lily Ngoua Nseme, a gagné et qu’en tant que proche j’en suis fière. Je ne parlerai plus de Miss Cameroun 2015 sauf pour me rappeler aussi que je suis chaque année choquée par la déferlante de critiques sur la personnalité des Miss choisies. Même le sacre d’une vraie reine de beauté telle que Valérie Ayena (ndlr Miss Cameroun 2013)  avait été ponctué par des commentaires acerbes. Cela me rappelle étrangement combien il est plus facile d’être systématiquement négatif que de chercher la dose de positif. Cela me rappelle combien le manque de professionnalisme trop souvent palpable dans l’organisation du concours Miss Cameroun, finit par déteindre négativement sur l’image des reines élues.

J’ose croire que le mandat de la Miss Cameroun 2015 nous fera pendant quelques instants l’amère blessure de la cérémonie d’investiture. J’ose croire qu’elle pourra, saura, comme Valérie Ayena, imposer son style malgré les errances du comité d’organisation. Je ne suis pas de ceux qui se plaignent sans jamais ne rien vouloir changer. Je souhaite que Miss Cameroun 2016 soit un concours enfin à notre mesure. Peut-être devrions-nous lancer une pétition sur Change.Org? Qui sait ? Ne dit-on pas impossible n’est pas camerounais?

Miss Cameroun 2015, c’est dit, c’est écrit, je n’en parlerai plus. L’avenir c’est devant!

Anna♦

PS: Eh oui, côté choix, je ne suis pas 100% objective, mais ce n’est pas grave. Comme dit un ami: ELLE l’A FAIT!


Voter, c’est la pâte

Droit de vote. Symbole de démocratie.
Droit de vote. Trop souvent bafoué.
Droit de vote ou plutôt devoir de vote.

Je suis Camerounaise et en 2018, comme de nombreux compatriotes, je devrai voter. Je devrais voter pour un président. Je ne connais pas les futurs candidats et pour le moment je ne m’en préoccupe pas encore. De pouvoir voter, fait déjà tout mon bonheur. Avoir cette possibilité, m’emplit de fierté. Je suis fière, car j’ai déjà ma nouvelle carte d’électrice. Je suis fière, car j’ai déjà gagné mon droit de voter, comme peuvent le faire tous les Camerounais âgés de 21 ans et plus.

Mais c’est bien là où le bât blesse. Hantée par la lassitude, par la sensation d’immobilisme et le sentiment que rien ne peut changer, la population en âge de voter, s’est complètement désintéressée de l’acte de voter. Bizarrement, elle ne s’est pas encore désintéressée de la politique. Au bar, dans les réunions, au détour d’un verre, d’une conversation, on peut entendre les uns et les autres exprimer des opinions, des prises de position à caractère politique. Certains se plaindront des routes, de la corruption, de tout ce qu’il voudrait voir différent. Les autres remercieront le Nkunkuma* pour la paix, la relative sécurité, et dernièrement pour avoir cloué le bec à un journaliste de France 2 avec le désormais célèbre « ne demeure pas au pouvoir qui veut, mais qui peut ». Mais dans un camp comme dans l’autre, très peu songeront à voter. Apparemment les dés seraient déjà d’ores et déjà jetés.

Alors, je me demande et je leur demande : comment exprimons-nous notre droit citoyen sans carte d’électeur ? Comment passons-nous de la discussion du bar à une action réelle qui ne remet pas en cause notre sécurité ou notre bien-être ? Pourquoi ne profitons pas des nombreuses antennes d’Elecam* désormais ouvertes dans les quartiers de nos grandes villes notamment ? Pourquoi avons-nous peur de voter et comment pensons-nous légitimer notre candidat quel qu’il soit sans voter ?

Pourquoi voter ne serait-il pas aussi agréable que d’avoir la discussion autour d’une bière avec la fierté de citoyen en plus ? Pourquoi prôner le changement quand on refuse le droit qui nous permet de l’espérer : le droit de voter ? Ce sont là des questions que je me pose et auxquelles nous devrions certainement réfléchir pour un Cameroun différent.

Personnellement j’ai fait mon choix. En 2018, j’irai voter. Mais je ne souhaite pas être seule. A plusieurs, c’est carrément la pâte. Alors, je vous écris ici. Vous êtes Camerounais, âgé de 21 ans et plus, avez-vous votre carte d’électeur ? Si la réponse est non, n’hésitez pas. Et ne vous inquiétez pas, je vous le rappellerai, car voter ça sera la pâte.

On est ensemble !

Anne♦


Quand l’hiver fut sur le monde

Quand l’hiver fut sur le monde, six millions de personnes périrent en six ans. Quand L’hiver fut sur le monde, des hommes d’exception avaient pris le contrôle des destinées de l’humanité. Quand l’hiver fut sur le monde, il fallut choisir son camp, toujours encore et surtout. Quand l’hiver fut sur le monde, la réalité inspira à Ken Follet, le deuxième tome d’une trilogie exceptionnelle, que je me suis fait un plaisir d’acheter et de dévorer (près de 1050 pages lues en quatre jours).

« L’hiver sur le monde » est le deuxième tome de la trilogie du Siècle, ouvrages d’exception pensés et écrits par Ken Follet, un auteur de polars/fresques historiques dont la renommée n’a d’égal que son talent. « L’hiver sur le monde » conte les destins croisés de plusieurs familles éparpillées entre les principaux pays belligérants des conflits mondiaux de 14-18 et de 39-45. Il s’agit du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la Russie et des Etats-Unis. Les faits se déroulent dans les différents pays en proie à certains des événements marquants (Guerre de libération républicaine en Espagne, débarquement en France, bombardement japonais sur Pearl Harbor)

« L’hiver sur le monde », nous raconte le monde (mais oui, bien sûr) ou plutôt nous raconte le monde de cette époque. En effet, il ne s’agit pas dans cette oeuvre, de faire une vulgaire reconstitution de la Deuxième Guerre mondiale (cela serait si banal). C’est une occasion pour l’auteur d’aborder de nombreux sujets de société prégnants à l’époque et qui ne pourraient qu’en apparence nous choquer aujourd’hui : l’antisémitisme dans toute l’Europe à l’aube de la guerre, la place discutable et discutée de la femme dans la société notamment au Royaume-Uni, les luttes des classes sociales, les droits des Noirs aux Etats-Unis.

Ken Follet avec cette oeuvre me démontre une fois de plus que les malheurs de l’être humain sont intrinsèquement de son propre fait. Ken Follet avec « L’hiver sur le monde » décrypte les mécanismes politiques, idéologiques et de pouvoir qui ont réussi à créer l’environnement propice à la Deuxième Guerre mondiale. Il rappelle et suggère donc le silence coupable d’un certain nombre d’Etats à la prise de pouvoir en Hitler, persuadés qu’ils étaient que ce n’était qu’un hurluberlu de plus. Il rappelle le combat parfois non admis d’une frange de la population allemande contre le régime nazi mais leur incapacité à faire entendre leur voix. Il raconte les incongruités du communisme soviétique. Il nous en raconte tant..

« L’hiver sur le monde » comme de nombreuses œuvres de Ken Follet, me rappelle tout simplement la vanité du monde. « L’hiver sur le monde » est une belle oeuvre qui nous montre que tout ne tient à rien et qu’il faut chérir chaque instant de la vie. Il faut tout aussi chérir les libertés obtenues et se battre pour les maintenir, et réussir à le faire au péril de sa vie, car bien souvent personne ne le fera à notre place.

« L’hiver sur le monde » me rappelle que nous devons rester vigilants. La montée des intégrismes, des idéologies extrémistes, les foyers de violence permanente, les écarts si grands entre pauvres et riches. Tant d’ingrédients pour un cocktail Molotov pour que l’hiver soit de nouveau sur le monde...

En somme, « L’hiver sur le monde » de Ken Follet, c’est un livre qui parle du passé, mais qui est sans nul doute présent.

Anna♦


Je n’ai pas vu Stromae, et p8koi?

Fierté Nationale…Je n’ai pas vu le concert de Stromae et #p8koi? Il s’agissait d’un évènement d’exception et p8koi?

Un petit remix du tube de Jovi, en passant, une remarque a priori acerbe sur un évènement qui au regard de tous les commentaires a été un succès, revenons au réel sujet de ma publication: Cameroun et fierté nationale. Vous ne suivez toujours pas? Ce n’est pas grave, j’y arrive.

Ma fierté nationale, j’y reviens. Aujourd’hui, 20 Mai, mon cher et tendre pays le Cameroun célèbre sa fête nationale. Comme tous les ans, c’est l’occasion de lire sur les réseaux sociaux, un regain d’entrain, de fierté, des drapeaux qui pullulent partout en photos de profil, ds déclarations d’amour enflammées. En somme, des expressions fortes de notre fierté nationale. Et le lien avec Stromae alors? Patience….

Stromae est un artiste d’envergure internationale, reconnu dans le monde entier, en somme une star. Il y a quelques semaines nous recevions aussi Fally Ipupa, une autre star, et quelques mois plus tôt encore, nous recevions Don Jazzy, Tiwa Sawage, Yemi Alade, en somme que des stars et toujours des étrangers. Ah oui, au mois de Mai, nous avons quand même eu Charlotte Dipanda, artiste camerounaise

Et s’il n’y avait que les concerts. SUPER U  (comme la chaïne HYPER U) a ouvert et c’est devenu « The Place To Be » localisé en plein centre ville, mais SANTA LUCIA, un autre supermarché, inauguré à la même période (dans le quartier des étudiants, beaucoup moins huppé) fait à peine le buzz.

Dans la mode, depuis quelques mois, j’observe une recrudescence de l’utilisation des Pagnes d’origine ghanéenne et la vulgarisation des sandales masaï  dans les tenues de tous les jours d’un nombre grandissant de Camerounais.

Alors, je me reprends à songer au terme « fierté nationale ». Qu’est-ce que la fierté nationale au-delà d’un simple faire-valoir. Qu’est-ce que la fierté nationale au-delà du fait d’avoir accepté de continuer à vivre ici, de ne pas s’exiler. Qu’est-ce que la fierté nationale lorsque « consommer local » semble un vain mot, un rêve, que dire une chimère?

Que de pessimisme pourrait-on me suggérer. Que nenni, je répondrais. Beaucoup d’initiatives autour de moi, dans mon entourage, me rappellent que la fierté nationale demeure un sentiment bien réel. #smile4peace, #kiroo et tout dernièrement #thecameroonist sont des exemples réels de cette capacité à faire bien au Cameroun. Toutefois, bien que nous soyons capables de faire bien, un grand nombre semble avoir décidé que c’est tellement impossible qu’il vaut mieux éviter et consommer « étranger ».

En ce jour de fête nationale, tel est donc mon souhait, voire rayonner encore plus la fierté nationale au travers de grandes entreprises made in Cameroon, qui de par la consommation continuelle de nos compatriotes, auront pu devenir des multinationales internationalement reconnues. Je souhaite voire rayonner la fierté nationale au travers d’une industrie du spectacle qui saura tellement bien s’exporter, qu’un concert avec des stars 100% Made in 237, et developpées in 237 deviendra le MUST SEE, et que les annonceurs ainsi que les organisateurs d’évènements et les artistes eux-mêmes, sauront nous apoorter une qualité qui respectera les standards internationaux. Je souhaite voire rayonner la fierté nationale dans la mode, sans que cela soit comme aujourd’hui l’apanage de « happy few ». Que des marques de consommation grand public puissent se créer ici, approvisionner le marché et s’exporter. Ma fierté nationale en somme attend des actes concrets d’amour et voudrait voir plus de consommation locale.

Fierté nationale, renouveau, Cameroun O bosso*. Je rêve, et je n’ai pas peur de rêver… Bonne fête nationale à tous les Camerounais.

Anna♦